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Dans le Val de l'Eyre, seulement deux noms de rues rendent hommage à des femmes

Par Louna Lavergne

Deux rues, à Salles et à Belin-Béliet portent le nom d'une femme./Photo LB Louna Lavergne.
Deux rues, à Salles et à Belin-Béliet portent le nom d'une femme./Photo LB Louna Lavergne.

En cette journée internationale des droits des femmes, Le Belinétois s’intéresse aux noms de rues, allées, et autres localités portant le nom de personnalités féminines. Au nombre de 2 contre 46 nominations masculines, les dénominations féminines sont aujourd’hui peu représentées sur le territoire. 

 

“Allée Jacques Prévert” au Barp, Place des Frères Estrémé” à Belin-Béliet ou encore “Rue Sylvain Dornon” à Salles. Tous ces lieux communs ancrés dans les esprits des habitants du Val de l’Eyre ont un point commun : ils portent le nom de personnalités masculines. Et il en existe des dizaines sur ce territoire où l’on compte 48 localités* contenant des noms propres associés à une personne renommée à l’échelle nationale, régionale ou locale. Sur ces 48, 46* honorent des personnages célèbres masculins contre 2 distinguant des femmes marquantes. 

 

“Avenue Aliénor” et “Rue Sylvie Ducourneau” : qui sont ces femmes ? 

 

Ces deux personnalités féminines sont Aliénor d’Aquitaine, donnant son prénom à un important lieu de passage à Belin-Béliet, l’avenue Aliénor, et Sylvie Ducourneau à Salles dont la rue à son nom relie l’allée du Champ de foire et la rue Va aux Champs. 

 

Visage de la commune de Belin-Béliet, Aliénor d’Aquitaine fut reine de France pendant quinze ans avant d’être reine d’Angleterre. Sa légende locale s’explique par sa naissance prétendue au château de Belin, surplombant auparavant l’actuelle butte d’Aliénor. Le village girondin lui a notamment rendu hommage en instaurant les traits de son visage comme emblème de la commune ou encore par le biais de la fête d’Aliénor, célébrant les 900 ans de l’ancienne reine. L’avenue Aliénor est aujourd’hui un lieu de passage quasi quotidien pour les Belinétois, celle-ci reliant Belin à Béliet et superposant la D1010. 

Sylvie Ducourneau, seule femme présente dans les dénominations des rues de Salles, était la plus jeune conseillère municipale de la commune lors des élections municipales de 2001. Elle décède subitement au cours de cette même année dans un accident de voiture à l'âge de 21 ans. Vincent Nuchy, alors maire de Salles cette année là, souhaitait  honorer sa mémoire avec une rue à son nom : "On a voulu marquer le coup, rappeler son nom même si son action municipale a été très réduite de manière tragique " confie l'ancien édile socialiste, qui se souvient d'elle comme "une jeune très sympa, très volontaire durant la campagne municipale."

 

Le Barp, “un très mauvais héritage” pour la maire

 

Du côté des autres communes, Lugos ne comporte que deux adresses aux noms d’un personnage masculin, rue et chemin Jean de Peyre. À Saint-Magne, les noms de quartiers et de lieux-dits sont préférés et aucune personnalité distinguée n’est à recensée. Le Barp étant la commune avec le plus de noms de personnages (26*) n’en compte aucun féminin. Une distinction dont se serait bien passée la maire de la commune, Blandine Sarrazin : “C’est un très mauvais héritage.”

 

Particulièrement “sensible aux avancées pour les femmes”, l’édile ne cache pas son désappointement en relevant le rôle de mauvais élève de sa ville dans le domaine. Un paradoxe pour Le Barp qui s’avère être la commune du Val de l’Eyre ayant le plus de maires femmes recensées, au nombre de 3 depuis 2001. Blandine Sarrazin nous explique le fonctionnement des dénominations : “C’est rare aujourd’hui qu’on crée des rues, on n’a pas souvent des rues à nommer. Quand c’est le cas, par exemple pour le lieu-dit La Poste, c’était dans l’ancien temps un relais de poste où les chevaux s’arrêtaient pour prendre le courrier. On a recherché pourquoi cela s’appelait ainsi et on a pris les noms des maîtres de postes pour nommer les résidences alentours.”

 

Ainsi, il est difficile à l’heure actuelle de nommer ou renommer des lieux. Alors, au moment de la réflexion sur des personnalités féminines qui mériteraient leur nom dans la ville, la maire hésite : “Cela dépend si l’on prend l’échelle locale ou nationale. Qui n’a pas sa rue Simone Veil par exemple ? Localement, Guy Pélerin a sa rue et c’était un maire. Alors une maire plus tard pourquoi pas ? Je ne sais pas, en cherchant avec une association historique, je pense qu’on trouverait des personnalités locales à honorer.”

 

*Selon Annuaire-mairie, site recensant les adresses des villes.