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Val de l’Eyre : quel est donc l’héritage laissé par Aliénor d’Aquitaine au peuple de Belin ?

Par Corentin Barsacq

La motte castrale a-t-elle d’autres secrets à faire connaître ? / Photo CB
La motte castrale a-t-elle d’autres secrets à faire connaître ? / Photo CB

Objet de toutes les fascinations, la Reine Aliénor d’Aquitaine a fait couler beaucoup d’encre au fil des siècles. À Belin-Béliet, où l’on revendique sa naissance avec ténacité, des documents historiques attestent d’un héritage offert au peuple de Belin par celle qui fut reine à deux reprises.

 

Elle fut l’une des figures les plus controversées de l’Histoire de France. Accusée de tous les maux, de toutes les tromperies à l’égard de la cour de France, de trahison lorsqu’elle épousa le futur roi d’Angleterre Henri II Plantagenêt, la Reine Aliénor d’Aquitaine a hérité d’une image parfois bafouée par son simple statut de femme. Il n’empêche qu’à Belin, elle a toujours été en royaume conquis, y compris 900 ans après sa naissance. 

 

Car c’est au sein du château de Belin, dont nous avons eu l’occasion d’accorder de nombreux articles, que la fille de Guillaume X et d’Aénor de Châtellerault aurait vu le jour en 1123. Si rien ne semble le prouver, les historiens citant notamment la ville de Poitiers comme étant son lieu de naissance, la commune de Belin a longtemps revendiqué cette paternité en s’appuyant notamment sur les nombreuses visites des têtes couronnées au sein de la construction surplombant auparavant le bourg de Belin.

 

Des pièces en guise de souvenir ?

 

Des fouilles ont également livré quelques secrets au fil des siècles selon les mémoires de l’abbé Gaillard qui attestait de la présence en cet espace de monnaies romaines, arabes, mais aussi neuf pièces d’or dont deux étaient frappées du visage de Richard Cœur de Lion, fils d’Aliénor.

 

Moins éclatants mais tout aussi précieux pour l’histoire locale, de mystérieux grains de blé calcinés avaient été amassés dans une cavité près de la butte dans les années 80. L’historien Jean-Louis Brouste avait pu les préserver et la contenance d’un flacon est aujourd’hui entre les mains de l’association des Amis du Musée Lapios.

 

Lire aussi : La mystérieuse histoire du Blé d'Aliénor

 

Malheureusement, aucune fouille récente n’a permis d’explorer de nouveau le site qui abritait le château de Belin aujourd’hui détruit. En revanche, on sait qu’en marge de la fête d’Aliénor qui se tiendra le 25 juin prochain à l’airial de Mons, une commission historique permettra d’en savoir plus sur l’aspect du château de Belin. Une exposition sera d’ailleurs proposée devant la butte lors de la parade organisée le matin dans les rues de la commune.

 

Des avantages octroyés par la Reine

 

Jusque-là, les éléments relatés ci-dessus ne constituent pas des preuves irréfutables d’une naissance de la reine Aliénor à Belin. Mais quel serait son intérêt d’octroyer des avantages à un peuple qui lui était inconnu ? C’est en effet ce que relate un précieux document conservé au fil des siècles, et qui confirme que le peuple de Belin avait obtenu les faveurs royales d’Aliénor. Cette charte, bienveillante à l’égard des Belinois, peut d’ailleurs être consultée en partie sur place, par le biais d’un panneau informatif. Il est notamment inscrit qu’Aliénor, « par la grâce de Dieu, reine d’Angleterre, duchesse de Guyenne, vu la supplique et requête des habitants du lieu et de toute la juridiction de Belin, avons donné, octroyé et confirmé en leur faveur les privilèges que nos prédécesseurs leur ont, plusieurs fois déjà, donnés et confirmés ».

 

La butte d'Aliénor, immortalisée par Félix Arnaudin au premier quart du XXe siècle./Collections des musées de France
La butte d'Aliénor, immortalisée par Félix Arnaudin au premier quart du XXe siècle./Collections des musées de France

C’est ainsi que le peuple de Belin était exempté et déchargé « de taxes, tailles, corvées, de toutes subsides et servites sans aucune exception quelle qu’en soit l’origine » La charte stipule également : « Nous voulons donc, et nous leur octroyons que dorénavant, ils jouissent à perpétuité, en tout temps, des franchises et libertés propres aux hommes libres. Et de plus, voulant qu’il en soit ainsi fait et octroyé, nous leur donnons et octroyons ces franchises à condition qu’ils paient au roi ou à celui qui possédera et gouvernera lesdits château et seigneurie, pour le roi notre sire… »

 

La suite de ce document demeure aujourd’hui inconnue. Il n’empêche que la charte sera appliquée bien après cette période, notamment sous le règne de Louis XIV en octobre 1643. De quoi faire pencher la balance envers une attention portée par la reine envers un territoire qu’elle aimait ? Le mystère est toujours d’actualité.