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Val de l’Eyre : le projet logistique de PRD revu à la baisse et de nouveau sur la table des élus

Par Corentin Barsacq

"150 à 300 emplois directs" pourraient être créés dans le Val de l'Eyre./Photo d'illustration Pixabay
"150 à 300 emplois directs" pourraient être créés dans le Val de l'Eyre./Photo d'illustration Pixabay

Au cours d’un conseil communautaire privé qui s’est tenu en décembre dernier, le promoteur immobilier PRD a présenté un nouveau projet de plateforme logistique aux élus du Val de l’Eyre. Surfaces réduites, « évitement » d’une partie de la zone humide de Sylva 21, compensation environnementale sur plusieurs décennies… Bruno Bureau détaille les grandes lignes du projet, dans nos colonnes, à l’orée d’un futur conseil communautaire où les élus devront se prononcer.

 

Un nouveau projet qui n’en est pas véritablement un. Lors du conseil communautaire prévu le 1er février prochain, les élus devront statuer, une nouvelle fois, sur le projet de plateforme logistique porté par l’entreprise PRD. Il n’a échappé à personne que le sigle aux trois lettres est associé au territoire du Val de l’Eyre depuis bien des années. 2018 pour être plus précis, puisque c’est lors d’un conseil communautaire, en mars de cette même année, que la Communauté de communes du Val de l’Eyre avait acquis un terrain d’une surface de 18,2 hectares à la commune de Belin-Béliet. Un an plus tard, la collectivité cédait plusieurs parcelles d’une superficie de 19 hectares de la zone d’activités Sylva 21 au groupe PRD, spécialisé dans l’immobilier logistique et tertiaire.

 

« Un projet en évolution »

 

Seulement, l’évocation du projet, d’abord dans les colonnes de La Dépêche du Bassin, avait fait grand bruit. La création de 300 emplois, la construction de 71 000 m2 de locaux, notamment sur une surface de 13 hectares de zones humides, et le spectre du géant Alibaba, avaient entraîné un mouvement de contestation porté par la coordination « Touche pas à ma zone humide ».

 

Et depuis ? On avait perdu le fil de ce dossier dans les services de l’État, où le permis de construire déposé par le promoteur était assujetti à diverses études. Tout cela nous emmène peu avant Noël 2023, à l’occasion du dernier Conseil municipal de l’année à Belin-Béliet. Jean-Pierre Ducournau, premier adjoint au maire, informe alors l’ensemble des élus, de la tenue, quelques jours plus tôt, d’un conseil communautaire « privé » au cours duquel l’entreprise PRD est venu présenter « un projet en évolution ». L’élu indiquait par ailleurs : « Il faudra une nouvelle délibération concernant la vente des terrains à la CdC ».

 

53 000 m2 de bâtiments plutôt que 71 000 m2

 

Hormis la déclaration de l’élu belinétois, aucune information n’avait été communiquée après cette réunion à huis-clos. Président de la CdC du Val de l’Eyre, Bruno Bureau a accepté, ces derniers jours, de délivrer les grandes lignes des esquisses avancées par le promoteur immobilier, dans les colonnes du Belinétois : « Ce qu’il faut retenir, c’est que PRD a revu son projet pour répondre à trois critères demandés par l’État : économiser, réduire et compenser. Aujourd’hui, il est clair que PRD a réduit son projet puisque la surface des bâtiments est désormais fixée sur 15,5 hectares avec une emprise au sol totale de 53 000 m2 » explique le maire de Salles. Pour rappel, la plateforme logistique imaginée par l’entreprise française devait initialement s’étendre sur 71 000 m2… et sur une zone humide de 13 hectares.

Plusieurs actions ont été menées par un collectif opposé à ce projet de plateforme logistique./Photo archives LB
Plusieurs actions ont été menées par un collectif opposé à ce projet de plateforme logistique./Photo archives LB

Sur ce dernier point, Bruno Bureau poursuit : « Ce nouveau projet éviterait une grosse partie de la zone humide fonctionnelle, tout en créant un accès au niveau du parc photovoltaïque pour détourner le flux de camions ». Pour attester des propos de l’entreprise auprès des élus, un écologue était également présent pour répondre aux interrogations du conseil communautaire : « Je souhaitais que tous les élus possèdent toutes les informations nécessaires pour poser toutes les questions possibles » complète le président de la CdC.

 

Sur le bâtiment en lui-même, PRD promet une construction exemplaire en matière de respect de l’environnement : « Des élus auront la possibilité de visiter des plateformes logistiques construites par PRD et intégrées dans le paysage » note Bruno Bureau. Le dossier indique notamment que les bâtiments seront équipés d’une centrale photovoltaïque, en toiture, d’une surface de près de 20 000 m2. En outre, le président de la CdC balaye toujours l’hypothèse Alibaba à Belin-Béliet : « Il a bien été dit à tous les élus qu’Alibaba ou Amazon n’ont jamais été à l’ordre du jour. PRD nous confirme que pour le moment, il n’y a aucun client puisque le permis de construire doit, avant tout, être accepté par l’État. »

 

Quant aux 300 emplois promis par le promoteur immobilier, la promesse reste d’actualité selon l’élu : « PRD possède des bâtiments logistiques de 32 000 m2 à Lyon, où sont employées 270 personnes en CDI sachant que dans le Val de l’Eyre, il est prévu des bâtiments sur 53 000 m2. PRD estime que la plateforme logistique pourrait permettre la création de 150 à 300 emplois directs, en grande majorité des CDI, et à des fonctions diverses puisqu’il y aura notamment plus de 2000 m2 de bureaux. »

 

Une compensation environnementale sur les lagunes

 

Sous les feux de la rampe en 2020, notamment par la lutte contre le projet par la coordination « Touche pas à ma zone humide », PRD semble faire flèche de tout bois et avance un argument de taille sur le dernier volet de la compensation : « Les niveaux de compensations proposées concerneront la restauration des lagunes de Saint-Magne, sur une période allant de trente à cinquante ans. Et c’est un projet, à plusieurs millions d’euros que la collectivité ne pourrait pas porter. PRD s’engage à bloquer les fonds sur la caisse de dépôt et de consignation. On parle là de la valorisation de lagunes millénaires » insiste Bruno Bureau.

 

Lire aussi : Plateforme logistique : Le Val de l’Eyre et le groupe PRD en discussion

 

Reste maintenant à délibérer autour du projet. Un long chemin politique et administratif attend PRD et le Val de l’Eyre. D’abord, le projet devra passer par le Conseil municipal de Belin-Béliet ainsi que le conseil communautaire, où les élus devront approuver la vente des parcelles. « L'estimation des Domaines du 24 janvier 2024 est de 6,50€ du m2. Il est proposé de conserver le prix de 6€ du m2, prix retenu à l'occasion de la première promesse de vente » indique la délibération prochainement étudiée. Ensuite, l’intercommunalité tranchera sur une vente à PRD. « Une étude quatre saisons est demandée par l’État. À ce moment-là, le permis de construire pourrait être délibéré ».

 

Mais le promoteur PRD n’a pas les coudées franches

 

Seulement, Bruno Bureau maintient son souhait d’organiser un référendum d’initiative citoyenne dans le but de laisser à la population des cinq communes, la possibilité d’exprimer son point de vue sur le dossier. « Il n’y a pas de cachotteries », lâche l’élu, qui insiste sur l’échelle intercommunautaire de ce référendum : « Le RIC se déroulera si le permis de construire est approuvé par l’État, et il s’agira bien d’un référendum citoyen dans le Val de l’Eyre et non ailleurs ».

 

 

Le dossier PRD, qui a tant fait couler d’encre, est donc de nouveau sur la table des élus … et des habitants du territoire. L’année 2024 pourrait être décisive pour le cheminement de ce dossier, certes intercommunal, mais au retentissement bien plus large, pouvant faire par ailleurs basculer la zone Sylva 21 dans une nouvelle dimension : « L’approbation du projet de plateforme logistique et industrielle ouvrirait la voie à l’accueil, au sein de la CDC, pour la première fois, d’entreprises bénéficiant d’une reconnaissance nationale, voire internationale » peut-on ainsi lire dans la note de synthèse du futur conseil communautaire, transmise à notre rédaction…