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Val de l’Eyre : qui était Georges Taylor, Compagnon de la Libération né à Salles ?

Par Corentin Barsacq

Georges Taylor a été fait Compagnon de la Libération en 1945./Photo Musée de l'Ordre de la Libération.
Georges Taylor a été fait Compagnon de la Libération en 1945./Photo Musée de l'Ordre de la Libération.

Il avait tout juste vingt ans lorsque la mort vint le cueillir sur le champ de bataille, un mois avant la Victoire des alliés sur l’Allemagne nazie en Europe. Né à Salles en 1924, Georges William Taylor fut l’un des plus jeunes officiers de son unité. Retour sur un parcours militaire atypique.

 

Une plaque est apposée en l’honneur de sa vie, au 9 rue du Castéra à Salles. C’est ici que Georges William Taylor a vu le jour le 25 août 1924 d’une mère française, Anne-Marie Le Coq, et d’un père officier de cavalerie dans les rangs de l’armée britannique, Herbert Taylor. Dans la famille, l’engagement est une vertu héréditaire. Mais avant de connaître la guerre, Georges connaît une enfance des plus classiques, avant de passer son baccalauréat à l’âge de 15 ans, après des années de collège effectuées à Sarlat, en Dordogne.

 

Vint ensuite le début de la guerre. Le Sallois n’a même pas le temps de définir des projets de vie que l’Allemagne nazie menace l’Europe. En avril 1941, avec l’accord de sa mère, il décide de rejoindre son père en Angleterre tout en optant pour la nationalité française. À ses côtés, ses sœurs Margaret et Patricia Léal ainsi que son jeune frère Anthony sont du voyage pour s’engager dans la France Libre en 1941. Le trio embarque à la Pointe de Grave à bord d’un bateau rapatriant les Britanniques résidant en France.

 

Précoce dans le combat

 

À seulement 17 ans, le Franco-britannique est trop jeune pour combattre, mais désire plus que tout défendre sa nation sur le front. Cultivé, il suit sans trop de difficultés l’enseignement militaire au sein de l’École des Cadets de la France libre de Malvern, toujours avec ses sœurs. Moins d’un an plus tard, en décembre 1942, il sort major de la promotion « Bir-Hakeim » et sera par la suite promu aspirant. 

 

Son choix se porte alors sur l’infanterie de l’Air. Après un brevet de parachutiste obtenu en juin 1943, Georges Taylor intègre le 4e Bataillon d’Infanterie de l’Air sous les ordres de l’officier Pierre-Louis Bourgoin, qui entraîne ses troupes en Écosse. Si sa fiche militaire dit de lui qu’il était volontaire pour les missions dangereuses, pour ne pas dire tête brûlée, Georges Taylor est parachuté en Bretagne le 9 juin 1944 dans le Morbihan. C’est au cours des combats pour défendre le maquis de Saint-Marcel que le soldat sallois se démarque par son courage malgré une pluie de balles. L’impression est forte auprès des officiers, qui le désignent pour former et encadrer un bataillon des Forces françaises de l’intérieur.

Plus jeune élément au sein du 2e régiment de chasseurs parachutistes, il est volontaire auprès des renseignements américains pour infiltrer la presqu’île de Quiberon. Il se déguise alors en pêcheur pour amasser d’importantes informations sur un territoire occupé par 4000 Allemands. Cette mission permettra notamment de mieux situer l’emplacement de canons de gros calibre.

 

En septembre 1944, il est mentionné par l’Ordre de la Libération que Georges Taylor prend part à des combats dans la Loire et dans le Centre, trois mois avant d’être un acteur phare de l’opération « Franklin » dans les Ardennes belges. En tant que chef de section, en décembre 1944, il parvient à mener ses hommes vers la victoire lors d’un combat contre un poste allemand et sa cinquantaine de belligérants. Munie de seulement trois Jeeps, la section poursuit sa percée en Belgique et pénètre de nuit à Limerlé, le 21 janvier 1944. Quinze hommes livrent un combat héroïque contre des postes ennemis, poussant l’occupant à évacuer la ville. 18 Allemands sont faits prisonniers. 

 

Compagnon de la Libération 

 

Au regard de ce prestigieux parcours, une période de repos est accordée au chef de section qui regagne l’Angleterre. L’intrépide sous-lieutenant ne restera pas longtemps sédentaire. Le 7 avril 1945, alors même que l’Allemagne Nazie perd du terrain face à l’avancée des Alliés, Taylor et les parachutistes français du Special Air Service sautent sur la Hollande. C’est le lendemain, au cours d’un funeste combat contre une compagnie SS, que l’enfant de Salles trouvera la mort sur l’Orange Canal. 

 

Inhumé une première fois sur les terres qui l’ont vu mourir, sa dépouille a par la suite été inhumée dans le cimetière de Salles. Par décret du 26 septembre 1945, et pour saluer sa bravoure, Georges Taylor sera fait Compagnon de la Libération, tout en étant Chevalier de la Légion d’Honneur. D’autres médailles lui seront décernées comme la Croix de guerre 1939-1945, la Military Cross de Grande-Bretagne, la Croix de guerre hollandaise, et la Silver Star décernée par les États-Unis d’Amérique. 

 

Sa grande sœur Margaret a également eu une grande carrière dans l’armée. Elle fut espionne française et reste connue pour avoir assassiné un colonel SS nazi lorsqu’elle n’avait que 21 ans.