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Belin-Béliet : la majorité se divise et renonce à l’achat de la maison Cazenave

Par Corentin Barsacq

La majorité autour de Cyrille Declercq s’est éparpillée lors de cette délibération./Photo LB.
La majorité autour de Cyrille Declercq s’est éparpillée lors de cette délibération./Photo LB.

À l’issue d’un vote agité, les élus ont renoncé à l’achat de la maison Cazenave, malgré l’accord de principe sollicité par le maire Cyrille Declercq.  

 

Le conseil municipal de Belin-Béliet, réuni le 25 septembre, a rejeté la proposition d’acquisition de la maison Cazenave. Cette demeure, liée à l’histoire de la Résistance locale, devait être rachetée par la commune pour 300 000 €, dans le cadre d’un projet mêlant urbanisme et patrimoine. Mais les débats se sont révélés houleux et ont mis en lumière des divisions au sein même de la majorité municipale.

 

La discussion portait à la fois sur la vente par la commune d’un terrain au promoteur Nexity, chargé de construire une résidence de 66 logements pour 200 000 €, et sur la possibilité pour la municipalité d’acheter la maison Cazenave. Le promoteur proposait de céder la demeure et ses 2 600 m² de terrain à la commune après quelques aménagements extérieurs, tandis qu’il souhaitait acquérir une parcelle communale pour étendre son programme immobilier. En amont du débat, l’élu d’opposition Bernard Rablade avait demandé un vote à bulletin secret, finalement refusé à la majorité. 

 

« Une opportunité » selon le maire

 

Avant que le débat ne tourne à l'injure entre une adjointe et une élue de la majorité, le maire Cyrille Declercq a défendu l’acquisition de cette maison en soulignant « le caractère historique et patrimonial de cette demeure liée à la famille Cazenave ». Il y voyait l’occasion d’y créer un futur centre culturel : « C’est une opportunité », a-t-il insisté, en estimant que la dépense, évaluée à 600 000 € avec les travaux, pouvait être étalée sur plusieurs années. L’adjointe Christine Tran Van Chuoï a appuyé cette vision : « Cette maison fait partie du patrimoine ».

 

Face à cet argumentaire, l’opposition a pointé le poids financier du projet. « À moins de six mois du renouvellement municipal, vous engagez aujourd’hui la commune sur plusieurs années pour un montant de 600 000 euros, au minimum. Est-ce bien responsable ? », a interrogé Rédouane Louaazizi, rappelant l’estimation des travaux à 500 000 €. Son collègue Jérôme Géllibert a estimé que la décision devait revenir à la prochaine équipe municipale. Bernard Rablade a proposé d’assortir l’accord de principe de conditions supplémentaires, jugeant le projet encore flou :  « Nous n’avons pas la clarté sur le diagnostic technique, ni sur le projet d’occupation. L’amendement que je propose ni vise pas a rejeter le projet, mais à le sécuriser ».

 

Alain de Sigoyer, enfin, a souligné l’état du patrimoine communal existant, évoquant notamment les églises de Mons et de Béliet ainsi que l’ancien musée Lapios. Après de longs échanges, le vote a révélé les dissensions. Avec 11 voix contre, 10 pour et 7 abstentions, la délibération a été rejetée. Une partie de la majorité a choisi de ne pas suivre le maire : « On rejette la délibération. Pas de soucis », a réagi sobrement Cyrille Declercq après le dépouillement.

 

Un lieu chargé d’histoire au devenir incertain

 

L’avenir de la maison Cazenave reste désormais suspendu. Cette demeure, anciennement propriété du député-maire et résistant Franck Cazenave, a joué un rôle clé durant l’Occupation : cache d’armes, lieu de rassemblement clandestin et point stratégique entre réseaux landais et girondins. C’est aussi dans cette maison qu’avait été interrogé André Grandclément, chef de l’OCM accusé de trahison, avant son exécution à Saugnac-et-Muret en 1944.