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Belin-Béliet : accusée de violences sur des enfants, une institutrice de maternelle suspendue à titre conservatoire

Par Corentin Barsacq

Les fait supposés se seraient déroulés à l'école maternelle de Bertrine./Photo LB Corentin Barsacq.
Les fait supposés se seraient déroulés à l'école maternelle de Bertrine./Photo LB Corentin Barsacq.

Plusieurs plaintes à l’encontre d’une enseignante de l’école maternelle de Bertrine à Belin-Béliet ont été déposées ces derniers jours. Une enquête est en cours. L’académie a suspendu l’enseignante à titre conservatoire. Le point sur l’affaire. 

 

Que s’est-il passé, ces derniers mois, dans le huis clos d’une salle de classe de Bertrine ? Plusieurs plaintes ont été déposées, ces derniers jours, par des parents d’élèves de l’école maternelle de Bertrine. Ils évoquent notamment des violences physiques mais aussi psychologiques qui auraient été perpétrées par une professeure des écoles sur leurs enfants âgés de cinq ans.

 

Les témoignages recueillis par Le Belinétois font état d’humiliations supposées, d’accès de colère et de violences présumées. Aurélie* a été l’une des premières à saisir les autorités compétentes. « Quelques jours avant les vacances de février, mon fils est revenu de l’école avec un saignement au niveau du lobe. Plus tard, lors d’un goûter d’anniversaire organisé pendant les vacances, plusieurs enfants de sa classe ont dit que la maîtresse pouvait leur tirer les oreilles, notamment à mon fils » explique-t-elle. Rapidement, la mère de famille prend contact avec l’école, qui la renvoie vers l'inspection académique : « J’ai tout d’abord fait un rappel à la loi, par mail, sur les violences éducatives ordinaires. J’ai ensuite pu avoir un rendez-vous avec l’Inspectrice académique » poursuit-elle. 

 

« Elle explique avoir été giflée plusieurs fois »

 

De manière informelle, à la rentrée de mars, Aurélie questionne alors plusieurs parents : « C’est à ce moment qu’on découvre que mon fils ne serait pas le seul à subir des humiliations et des violences corporelles ». Anna* est la mère d’une jeune fille scolarisée au sein de cette même classe : « Au début, ma fille avait peur de me dire les choses. Finalement, elle a réussi à parler devant les gendarmes. Elle explique avoir été giflée plusieurs fois, que la maîtresse lui a tiré les oreilles, qu’elle criait beaucoup et qu’elle était méchante ». Rapidement, les témoignages ont afflué entre certains parents, qui ont décidé de ne plus scolariser leurs enfants dans l’attente de mesures de la part de l’académie.

 

Quatre plaintes ont été déposées auprès de la cellule contre les atteintes aux personnes et à l’enfance de la gendarmerie. Le parquet de Bordeaux a confirmé à nos confrères de La Dépêche du Bassin qu’une enquête était en cours. Seulement, l’institutrice officiait toujours dans les locaux de l’école en début de semaine. Une situation difficile à supporter pour les parents qui ont décidé de saisir les médias régionaux « pour faire avancer les choses ». Aurélie a, quant à elle, fait constater les blessures de son fils auprès de l'unité médico-judiciaire du Centre d'accueil en urgence de victimes d'agression (Cauva). 

 

Au soir du jeudi 14 mars, en mairie, une réunion était organisée entre tous les parents d’élèves concernés et le maire de Belin-Béliet Cyrille Declercq : « J’ai été informé de cela mercredi matin lors d’une réunion de gendarmerie. On était en train d’en discuter dans la journée lorsque nous avons appris que des parents avaient essayé de contacter la mairie à ce sujet. C’est pour cela que nous avons décidé d’organiser une réunion » explique d’abord l’élu, contacté par nos soins. Il poursuit : « Plusieurs parents ont pris la parole. Il y avait beaucoup d’émotion. Les parents ont pu relater ce qu’ils ont pu percevoir au travers des enfants ».

 

« Des témoignages glaçants  »

 

Pour Rémi*, parent d’élève présent lors de cette réunion, les différentes prises de paroles ont été difficiles à écouter : « Certains parents ont découvert la situation durant la réunion. Les témoignages que j'ai pu entendre sont glaçants. Difficile de savoir comment avancer, mais mon fils a bien eu un changement de comportement similaire à d'autres enfants présumés victimes. » Depuis plusieurs jours, les absences des élèves se sont multipliées. « On se doit maintenant de patienter au regard de l’enquête tout en veillant à ce que les enfants soient accueillis dans de bonnes conditions » réagissait le maire de Belin-Béliet. 

 

Très peu d’enfants étaient justement présents dans la classe au matin de ce vendredi 15 mars. Au cours de cette même journée, dans un communiqué, l'inspection académique de Bordeaux annonçait la suspension à titre conservatoire de l’enseignante, présumée innocente, visée par les plaintes durant l’instruction. Aussi, un inspecteur et un psychologue se sont rendus au sein de l’établissement en cette fin de semaine, tandis qu’un nouvel enseignant assurera le remplacement de la maîtresse dans la classe à compter de ce lundi.  

 

Pour Anna, il s’agit là d’une première mesure encourageante, bien qu’elle regrette la prise de décision trop tardive. Plusieurs parents ont déjà indiqué qu’ils remettraient leurs enfants à l’école dès lundi, même si le traumatisme chez certains est encore présent. Les parents interrogés espèrent maintenant un remplacement définitif de l’enseignante visée par les plaintes et réclament justice. 

 

*: les prénoms ont été modifiés.