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Belin-Béliet : spécialiste de la toponymie, Bénédicte Boyrie-Fénié perce les mystères des lieux-dits

Par Corentin Barsacq

Bénédicte Boyrie-Fénié présentera le résultat de ses recherches ce samedi 9 mars./Photo LB Corentin Barsacq
Bénédicte Boyrie-Fénié présentera le résultat de ses recherches ce samedi 9 mars./Photo LB Corentin Barsacq

Ce samedi 9 mars, Bénédicte Boyrie-Fénié donnera une conférence sur l’origine des noms des lieux qui composent Belin-Béliet. Pour cette docteure en géographie ancienne, l’exercice s’apparente à « une enquête policière ». 

 

Pourquoi Belin, pourquoi Béliet ? Pourquoi Caverne ou encore La Couyelle ? Qui ne s’est jamais questionné sur l’origine d’une rue ? Par ce même cheminement, mais avec le savoir en plus, Bénédicte Boyrie-Fénié s’est penchée sur la question à l’échelle locale. Car étudier le nom des lieux, c’est justement ce que maîtrise cette native de Pissos, qui partage notamment son arbre généalogique avec l’ethnographe de la Grande Lande Félix Arnaudin : « La toponymie, c’est comme une enquête policière » considère-t-elle. Tout d’abord éveillée à l’importance de la préservation des langues régionales, et donc du Gascon durant son adolescence, Bénédicte Boyrie-Fénié souhaitait s’y intéresser davantage sur les bancs de l’université Bordeaux-Montaigne : « Il n’y avait pas de département linguistique, alors j’ai choisi la géographie historique, tout en soutenant une thèse sur la microtoponymie dans le canton de Pissos, puis à l’échelle de la Grande Lande ». 

 

À cette époque, la toponymie reste une discipline peu mise en avant. Mais les résultats obtenus par Bénédicte Boyrie-Fénié contribueront à changer la donne : « La toponymie est une interface entre la linguistique, l’histoire et la géographie » explique-t-elle. Parmi les publications notables de la docteure en géographie historique, plusieurs dictionnaires toponymiques des communes pour le Lot-et-Garonne, les Landes et Bas-Adour ou encore la Gironde.

 

De multiples ouvrages sur la richesse des langues régionales

 

C’est aussi elle qui est en charge de réaliser la partie landaise de la Carte archéologique de la Gaule dans les années 90, puis une étude toponymique des communes sur l’ensemble de la région. Aux côtés de son mari Jean-Jacques Fénié, agrégé de géographie et enseignant en occitan, par ailleurs correspondant du journal « Sud Ouest » en Haute-Lande, elle co-signe des ouvrages visant à vulgariser les connaissances en matière de toponymie dans plusieurs domaines linguistiques tels que le Gascon, le Languedocien, l’Auvergnat ou bien le Limousin. Forcément, avoir une telle ressource à deux pas du Val de l’Eyre a attiré l’attention d’Une pierre à l’édifice et des Amis du musée Lapios, dont l’engagement commun en faveur de la préservation du patrimoine local a débouché sur l’organisation de cette conférence. 

Ainsi donc, Bénédicte Boyrie-Fénié présentera « Belin-Béliet à la lumière de la toponymie » ce samedi 9 mars à 18h à la salle des fêtes de Béliet. « C’est un long travail. Il ne faut pas oublier qu’il y a deux villages » analyse la conférencière, qui relève notamment l’importance de l’agropastoralisme dans la dénomination des lieux-dits du coin :  « La toponymie à ses limites dans certains cas. Si on prend un lieu-dit « Castaignède », est-ce que cela signifie qu’il y avait une châtaigneraie ici, ou bien qu’une famille, dont le nom était Castaignède, vivait en ce lieu ? ».  Le paradoxe de l’œuf ou la poule, en quelque sorte, qui alimente aussi les mystères de la toponymie.