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Le Barp : les confidences de l’ancien athlète olympique Francis Demarthon à l’aube des JO 2024

Par Corentin Barsacq

L'adjoint au maire Sébastien Bardet (à gauche) n'a pas manqué de saluer le parcours olympien de Francis Demarthon./Photo Le Belinétois.
L'adjoint au maire Sébastien Bardet (à gauche) n'a pas manqué de saluer le parcours olympien de Francis Demarthon./Photo Le Belinétois.

Lors de l’inauguration de l’exposition « En avant les JO » à la médiathèque Le Chalet du Barp, l’ancien athlète multiple champion de France Francis Demarthon a accepté de revenir sur sa riche carrière marquée notamment par sa participation aux Jeux olympiques de Moscou en 1980.

 

Une trajectoire atypique qui fit de lui le meilleur français sur 400 mètres durant de nombreuses années. À l’occasion de l’inauguration de l’animation « En avant les JO » qui se déroule à la médiathèque « Le Chalet » du Barp depuis le 8 novembre et jusqu’au 2 décembre, l’ancien athlète français Francis Demarthon a répondu présent à cet événement à l’invitation de la municipalité et de la Barpaise Christelle Barthe qui pouvait se targuer de partager des racines communes avec un olympien : « La ville cherchait à accueillir un ancien athlète et il se trouve que j’en ai un dans la famille puisque Francis est un cousin. »

 

La municipalité voulait en effet marquer le coup et célébrer dignement l’engagement de la commune pour les jeux de Paris 2024. Pour rappel, la Ville du Barp a reçu le label « Terre de jeux 2024 » l’an passé : « Notre commune se devait de résonner avec la capitale et les valeurs olympiques » expliquait l’adjoint au maire Sébastien Bardet, présent pour l’occasion tout comme la maire Blandine Sarrazin.

 

Les Jeux olympiques de Munich en tant que remplaçant

 

Ainsi, le vendredi 10 novembre, entre les différents panneaux détaillant l’histoire de nombreux sports à l’échelle internationale mais aussi départementale, un public fourni est venu écouter le récit de Francis Demarthon, ancien athlète à l’ASPTT Bordeaux, qui, après seulement deux années d’athlétisme, embarquait pour les Jeux olympiques de Munich en 1972 : « J’avais été repéré seulement deux ans plus tôt par un entraîneur pour débuter l’athlétisme » se souvient celui qui pratiquait, à l’époque, du football et du handball. « J’ai commencé l’athlétisme à 19 ans et deux ans plus tard, j’étais à Munich avec l’équipe de France olympique en tant que remplaçant. Je n’ai pas trop eu le temps de réaliser ce qu’il se passait » se souvient aujourd’hui l’athlète retraité.

Si le Girondin ne participera pas sportivement aux JO de Munich, il n’en demeure pas moins qu’il vivra au sein du village olympique aux côtés de la délégation française. Un lieu meurtri par la prise d’otages d’athlètes israéliens par le groupe terroriste palestinien Septembre noir les 5 et 6 septembre 1972 (N.D.L.R : onze athlètes israéliens ainsi qu’un policier d’Allemagne de l’Ouest seront tués) que le jeune homme de l’époque a vécu d’une manière indirecte : « Ce jour-là, nous avons eu la chance d’être de coupure. Nous sommes donc partis visiter un site avec la délégation. Avec les gadgets de l’époque, on arrivait à capter la radio. On savait que quelque chose se passait au village olympique mais on ne savait pas quoi. Quand nous sommes revenus et qu’on a vu les chars et les hélicoptères de l’armée, on a compris. Quand nous sommes partis le matin, tout était calme. Quand nous sommes revenus le soir, c’était la guerre ».

 

Après ces JO tristement célèbres, les succès sportifs ne manqueront pas pour le Bordelais : Champion de France sur 400 mètres à cinq reprises entre 1974 et 1979, il brille aussi sur la scène européenne en devenant médaillé d’argent du 400 mètres lors des championnats d’Europe de Saint-Sébastien en 1977.

 

« Il n’y a pas de place pour le doute »

 

Un destin atypique, disait-on, presque logique lorsque Francis Demarthon expliquait que la professeure de sport de son collège à La Réole n’était autre que… Colette Besson ! Sélectionné dans l’équipe de France olympique pour disputer les décriés Jeux de Moscou en 1980 (N.D.L.R : plusieurs pays boycotteront l’événement en raison de l’invasion de l’Afghanistan par les Soviétiques), le Girondin vit un rêve éveillé. Aux côtés des athlètes Robert Froissard, Didier Dubois et Jacques Félice, le champion de France dispute le 4 x 400 mètres et obtient une frustrante 4e place lors de la finale olympique : « Chaque sportif a ses rituels. Moi j’avais le trac. Lorsqu’on arrive dans le stade, ça ne sert à rien de nous parler. On est déjà dans la course. On s’entraîne durant plus d’une heure pour 40 secondes de course. Il n’y a pas de place pour le doute », relatait l’olympien.

Francis Demarthon en 1974./Crédit photo Page facebook "Athlétisme d'hier et d'ajourd'hui"
Francis Demarthon en 1974./Crédit photo Page facebook "Athlétisme d'hier et d'ajourd'hui"

De cette carrière singulière, Francis Demarthon retiendra les victoires, les scènes de guerre à Munich, mais surtout l’esprit de compétition : « Je n’ai pas cherché à être entraîneur et à transmettre mon vécu. Je suis retourné au football, ensuite j’ai fait de la pelote basque, et du ping-pong ». Sur son rapport avec le sport et la victoire, Francis Demarthon, qui a depuis arrêté de courir, s’en amuse : « Le sport a toujours fait partie de ma vie. Mais quand on commence à perdre et que les victoires sont de moins en moins nombreuses, on commence à se dire : « Tant pis, c’est que l’adversaire a été meilleur que moi ».

 

À l’issue de cet échange nourri avec le public, les participants à cette soirée ont pu poursuivre les discussions dans un climat sympathique, qui se prolongera autour de plusieurs animations programmées au Chalet. Citons l’exposition « Femmes et sport au-delà du cliché » ainsi que l’organisation de jeux sportifs à la médiathèque ce mercredi 15 novembre de 14h à 17h. Enfin, une projection gratuite du film « Eddie the eagle » sera proposée à la médiathèque le vendredi 17 novembre à 19h30.