· 

Val de l’Eyre : le tigre du chêne, une menace qui prolifère dans les forêts du territoire

Par Corentin Barsacq

L'espèce ne cesse de se développer sur les chênes du territoire./Photo d'illustration Ministère de l'Agriculture.
L'espèce ne cesse de se développer sur les chênes du territoire./Photo d'illustration Ministère de l'Agriculture.

Particulièrement présente durant l’été en extérieur, la punaise réticulée du chêne cause d’importants dégâts dans les forêts du territoire. Sa marque de fabrique : s'attaquer aux chênes jusqu'à entraîner un jaunissement prématuré de ses feuilles.

 

Les couleurs pourraient être annonciatrices de l’automne. Or, les températures sont encore estivales en cette fin septembre. Alors pourquoi de nombreux chênes, observables sur de multiples zones différentes dans le Val de l’Eyre comme dans le Nord des Landes, présentent des feuilles jaunes ? La réponse se trouve en partie sous nos yeux, pourquoi pas sur nos vêtements.

 

Depuis son identification en mai 2017 en région toulousaine, le Corythucha arcuata, nom donné à la punaise réticulée, ne cesse de proliférer dans les chênaies de la région, jusqu’à faire désormais partie de l’écosystème du Val de l’Eyre.

 

Ces derniers temps, dans les forêts du territoire, les agents du Parc naturel régional des Landes de Gascogne ont vu de nombreux chênes pédonculés présenter des signes d’affaiblissements en raison de la prolifération de cette espèce. Simultanément, de nombreux habitants du Val de l'Eyre ont vu débarquer chez eux d'étranges insectes : « Le tigre du chêne se déplace sur des couloirs naturels comme la Leyre par exemple, mais il suit aussi l’humain. On peut en voir sur nos vêtements et forcément, il colonise des zones de la sorte » explique Laurent Degrave. Notons que cet insecte peut également piquer l’Homme mais ne présente aucun danger.

 

Des feuilles tâchées de points noirs

 

Côté nature, le procédé est désormais bien connu des scientifiques. Des points noirs, en l’occurrence des larves, apparaissent sous la surface des feuilles. Ce support sert de nourriture aux larves comme aux adultes qui entraînent par la suite des nécroses. « Une pullulation de l’espèce sur un même arbre entraîne un jaunissement des feuilles et une chute prématurée » peut-on ainsi lire sur une fiche technique éditée par le Département Santé des forêts de la DRAAF Nouvelle-Aquitaine.

Baptisée « tigre du chêne » par sa ressemblance avec le « tigre du platane », cette punaise est considérée comme une réelle menace pour les chênes présents sur le territoire : « Il est très compliqué de l’éliminer. Il faudrait des températures négatives autour de -6°C pour espérer stopper sa propagation. Nous sommes encore loin des gelées et les scientifiques sont inquiets sur l’avenir des chênes dans le Sud-Ouest » poursuit Laurent Degrave.

 

Face aux interrogations des habitants, le Parc naturel régional des Landes de Gascogne a édité un document permettant de mieux connaître cette espèce. Et depuis 2017, où les chercheurs imaginaient que l’impact du tigre du chêne en France serait moindre, les certitudes ont bien changé : « La prolifération de la punaise réticulée semble questionner sur ses impacts sur nos chênaies européennes (…) Ces insectes diminueraient jusqu’à 60% la capacité photosynthétique des chênes pédonculés selon une étude menée en Serbie. » 

 

Le Parc indique également que des chercheurs de l’INRAE vont prochainement mener des expérimentations scientifiques sur le territoire des Landes de Gascogne afin de mieux définir l’ampleur du phénomène.