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Première rentrée au lycée du Barp : il y a dix ans, le début de la grogne des parents d'élèves

Par Corentin Barsacq

Le collectif "Vite un lycée en Val de l'Eyre" lors d'une manifestation à Bordeaux en 2014./Photo S.P
Le collectif "Vite un lycée en Val de l'Eyre" lors d'une manifestation à Bordeaux en 2014./Photo S.P

Le lundi 4 septembre, des élèves de seconde pénètreront dans le collège-lycée du Barp pour leur première rentrée dans ce nouvel établissement. Si le chantier est toujours en cours de réalisation, il s’agit d’un grand soulagement pour celles et ceux qui ont milité en faveur de sa construction. Président du collectif « Vite un lycée dans le Val de l’Eyre », Stéphane Perez se souvient d’un long combat auprès des instances. 

 

Stéphane Perez persiste et signe : « S’il n’y avait pas eu les associations de parents d’élèves, il n’y aurait jamais eu de lycée dans le Val de l’Eyre ». Alors forcément, lorsqu’on lui parle de la première rentrée entre les murs du lycée du Barp (du moins du collège, puisque 360 élèves de seconde investiront les locaux du collège), cet habitant de Salles se remémore quelques souvenirs autour d’une lutte loin d’être acquise dès le départ.

Comme point de départ d’une grogne par la suite contagieuse, une nouvelle carte scolaire établie en octobre 2013 par l’Inspection Académique. Les lycéens de Salles et Belin-Béliet jusqu’alors destinés à se rendre au lycée des Graves de Gradignan, étaient délocalisés vers le lycée de la Mer de Gujan-Mestras à compter de la rentrée de septembre 2014.

 

Une décision pour le moins incompréhensible pour de nombreux parents d’élèves, dont Stéphane Perez : « À l’époque, il n’y avait qu’un bus le matin et qu’un bus le soir pour faire la liaison entre le Val de l’Eyre et le lycée de la Mer. Avec l’association des parents d’élèves de Salles, on a essayé d’en savoir plus auprès de l’Inspection Académique, mais on s’est fait gentiment renvoyer dans nos 22. »

 

La naissance du collectif « Vite un lycée en Val de l’Eyre » 

 

L’idée vient alors de rassembler les forces vives des parents d’élèves autour d’un collectif. Il faut dire qu’au Barp, autant qu’à Salles, Belin-Béliet, Lugos et Saint-Magne, la petite musique s’amplifie : « Vite un lycée en Val de l’Eyre ». C’est le nom donné à ce collectif de parents d’élèves qui ne tarde pas à faire du bruit.

 

Pendant qu’au lycée de la Mer, des professeurs sont en grève, redoutant notamment une surcharge des classes en raison de l’arrivée des lycéens du Val de l’Eyre, la lutte au sud du bassin d’Arcachon s’organise : « Nous avons rapidement planifié une première réunion publique à la salle des fêtes de Lavignolle en fin d’année 2013. Il fallait mobiliser les habitants mais aussi secouer les élus » s’amuse aujourd’hui Stéphane Perez. 

 


Devant les conseillers communautaires, le collectif sait se faire entendre et déploie ses banderoles. Le même procédé sera employé devant l’Académie de Bordeaux quelques mois plus tard. À défaut d’être écoutés, les manifestants brandissent leurs arguments haut et fort : un territoire en pleine explosion démographique, un lycée des Graves surchargé, un lycée de la Mer trop éloigné du Val de l’Eyre et pour finir, une inégalité des chances pour les lycéens du Val de l’Eyre.

 

« L’association sera dissoute le jour de l’inauguration du collège-lycée » 

 

Faisant face jusque-là à des portes fermées, le collectif « Vite un lycée en Val de l’Eyre » bénéficie d’une médiatisation importante et parvient à rencontrer Anne-Marie Cocula, alors vice-présidente de la Région. 

2 200 élèves fréquenteront le collège-lycée du Barp./Photo Le Belinétois
2 200 élèves fréquenteront le collège-lycée du Barp./Photo Le Belinétois

Dans un même temps, les élus du Val de l’Eyre emboîtent le pas et votent, en février 2014, une motion demandant à la Région d’agir. Le dossier devient alors politique. Les élus du territoire marchent en symbiose tandis que le Conseil Régional prête une oreille attentive aux requêtes qui émanent de la Leyre.

 

« Là où nous avons eu de la chance, c’est que les élections régionales arrivaient. Quelques jours avant le premier tour, le président de la Région Alain Rousset est venu à Salles, a organisé une grande conférence de presse dans un bar, et a annoncé la nouvelle » poursuit Stéphane Perez. 

 

Avant ça, le 26 octobre 2015, le président PS Alain Rousset avait annoncé la création prochaine d’un lycée dans le Val de l’Eyre aux cinq édiles du territoire, pour ensuite la répéter à Salles, à quelques jours du premier tour des régionales. Une venue en partie nécessaire pour éteindre un feu naissant dans ce dossier… Sur un document de campagne du président-candidat, le futur lycée était positionné… à Mios ! 

 

« Un combat qui aura duré deux ans »

 

Stéphane Perez se souvient : « À partir de là, on a pris l’engagement de de dissoudre l’association Vite un lycée en Val de l’Eyre le jour de l’inauguration de l’établissement scolaire. Pour nous, cette annonce était la fin d’un combat qui aura duré deux ans et dans lequel nous avons dû nous spécialiser dans différent domaines pour montrer que nous avions raison. » 

Près de 80 millions d'euros seront déboursés pour ériger les bâtiments du collège et lycée./Photo Le Belinétois
Près de 80 millions d'euros seront déboursés pour ériger les bâtiments du collège et lycée./Photo Le Belinétois

Le choix de la commune d’accueil du lycée ne sera dévoilé qu’en janvier 2016, lors des vœux de l’intercommunalité, où Marie-Christine Lemonnier annonçait sa construction au Barp. Un chantier qui deviendra double à partir de 2017, année durant laquelle le Département de la Gironde greffait la construction d’un collège au projet de lycée.  À terme, 2 200 élèves fréquenteront le collège-lycée du Val de l’Eyre étendu sur plus de 25 000 m2. Au total, c’est un investissement de près de 80 millions d’euros qui a été nécessaire pour ériger ces bâtiments.