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Hostens : un chien meurt après une baignade au lac, un autre sauvé de justesse

Par Corentin Barsacq

 Tsoka, photographié ici au lac d'Hostens, est mort quelques heures après une baignade./Photo Mélissa Mourges de Rosa
Tsoka, photographié ici au lac d'Hostens, est mort quelques heures après une baignade./Photo Mélissa Mourges de Rosa

Le 17 août dernier, le chien de Mélissa et Mickael a subitement rendu son dernier souffle après une baignade au lac d’Hostens. Pour eux, la mort de Tsoka est liée à la présence de cyanobactéries dans le lac. Mais les taux relevés par l’Agence Régionale de Santé sont pourtant conformes. Mercredi 23 août, toujours après une baignade à Hostens, un autre était victime de vomissements et de diarrhée. Pris en charge à temps, il a évité la mort.

Que se passe-t-il sur le domaine de loisirs d’Hostens ? Mélissa Mourges de Rosa et Mickaël Joubert étaient des habituées des lieux. Originaire de Sainte-Croix-du-Mont, le couple aimait particulièrement s’y rendre après le travail en compagnie de leurs chiens, Tsoka et Taïko. Il est vrai que les animaux ne sont pas censés être autorisés sur le domaine, mais de l’aveu même du Département de la Gironde, « une tolérance existe » sur les horaires où la baignade n’est plus surveillée.

 

« Le jeudi 17 août, nous sommes allés au fond de la deuxième plage. C’est ici que les maîtres viennent souvent promener leurs chiens » explique Mélissa. Tsoka était un Border Collie de neuf mois à peine. Fougueux, il se rend à plusieurs reprises dans le lac pour aller chercher le jouet lancé par ses maîtres. « Il a bu plusieurs fois la tasse à ce moment-là mais on était loin de penser que ce serait dangereux pour lui » reconnaît Mélissa. 

 

Pendant deux heures, rien ne laisse supposer une possible intoxication de Tsoka. Au moment de quitter la plage à 21h, le chiot présente des yeux anormalement gonflés. « On a pensé qu’il avait du sable dans les yeux donc on l’a nettoyé sous la douche du lac. C’est là qu’il a commencé à partir… » relate minutieusement sa maîtresse. Ses jambes lâchent, le chiot ne peut plus tenir debout. Les premiers vomissements interviennent, tout comme les diarrhées. En urgence, le couple se rend au cabinet vétérinaire du Barp où Tsoka meurt dans la nuit. 

 

Des taux de cyanobactéries dans la norme

 

Quelques jours après cette funeste soirée, Melissa et Mickaël ont cherché à connaître l’origine de cette mort soudaine : « Sa prise en charge s’est déroulée en moins d’une heure mais les analyses ont montré que son foie était déjà touché » poursuit Mélissa. Touché par quoi ? Telle est la question.

 

Depuis le décès de Tsoka, Mélissa a étudié les différents cas de présences de cyanobactéries dans des lacs et les cours d’eau de la région ainsi que les conséquences sur l’animal : « Cela correspond aux symptômes ressentis par Tsoka ». Les cyanobactéries sont des micro-algues qui peuvent proliférer en fonction des conditions environnementales. Certaines espèces de cyanobactéries peuvent par la suite produire des toxines et provoquer des troubles de santé chez l’homme ainsi qu’envers les animaux à des taux différents. 

Les résultats de l'analyse laissent apparaître des taux de toxines dans la normale./Photo archives LB
Les résultats de l'analyse laissent apparaître des taux de toxines dans la normale./Photo archives LB

Deux jours après la mort du Border, l’Agence Régionale de Santé a effectué des prélèvements dans le lac de Lamothe. Les résultats ont pu être consultés par Le Belinétois et les analyses montrent une présence de 0,051 et 0,09 mm3 par litre d’eau de cyanobactéries potentiellement toxiques. Un taux bien éloigné du premier niveau d’alerte déclenché lorsque la somme des biovolumes est supérieure à 1 mm3 par litre. « Et ce premier niveau d’alerte n’est pas nécessairement synonyme de fermeture de la baignade » précise le Département de la Gironde. 

 

Pour Mélissa, peu de doutes subsistent malgré ces analyses : « La vétérinaire m’a parlé d’une intoxication foudroyante avec suspicion de cyano. Même si les taux évoqués dans l’analyse peuvent n’avoir aucun impact pour l’homme et pour d’autres chiens, il faut que les gens sachent que cela peut être dangereux. À aucun moment il n’est précisé sur le domaine que nos chiens peuvent mourir en se baignant ici. Tout ce que je veux, c’est que ça n’arrive pas aux autres» assène Mélissa, encore émue au moment de relater les faits. 

 

Un autre cas d’empoisonnement après une baignade 

 

Au soir du mercredi 23 août, toujours sur la deuxième plage du lac de Lamothe, un autre Border-Collie a été victime des mêmes symptômes que Tsoka. Contactés par Le Belinétois, Gaël Dubergey et Claire Bordessoules, ses maîtres, racontent : « Tao a 11 mois. Il est très foufou. Il était dans l’eau et d’un coup, il est sorti et s’est assis dans son coin. Je ne l’ai pas reconnu » explique Gaël.

 

Face à l’état de santé chancelant du chiot pris de vomissements et de diarrhées quelques instants après s’être baigné, une promeneuse assistant à la scène a alors évoqué avec le couple le récit de la mort de Tsoka, largement relayé à échelle locale sur les réseaux sociaux : « On a pris contact sur les réseaux sociaux avec Mélissa qui nous a raconté ce qu’avait vécu son chien quelques jours plus tôt. Nous sommes tout de suite rentrés dans les Landes pour trouver un vétérinaire de garde » ajoute Gaël.

Tao lors de sa prise en charge mercredi soir après sa baignade à Hostens./Photo Gaël Dubergey.
Tao lors de sa prise en charge mercredi soir après sa baignade à Hostens./Photo Gaël Dubergey.

Pris en charge à temps, Tao a pu bénéficier d’un traitement efficace pour tenter d’éliminer de possibles bactéries ingérées. « Il s’en est sorti. Le vétérinaire nous a dit que son cœur palpitait énormément et qu’il ne fallait pas tarder. » Le couple originaire de Sore était encore dans l’attente, jeudi matin, de savoir s’il pourrait récupérer leur chien dans la journée.

 

Qu’à cela ne tienne, Gaël est passablement énervé : « On ne mettra plus les pieds là-bas. Je ne comprends pas comment on ne signale pas ce risque-là. J’ai un petit garçon de 4 ans. S’il ingère une toxine dans l’eau, on fait comment ? » De son côté, Melissa ne compte pas en rester là et s’est rapprochée d’un groupe Facebook spécialisé dans les cyanobactéries afin de faire toute la lumière sur la concentration de toxines présente au sein du lac de baignade. Elle souhaite mener d'autres analyses par le biais d'un laboratoire indépendant. 

 « Il faut éviter d’emmener son chien au lac d’Hostens »

 Joint par téléphone, le maire d’Hostens Jean-Louis Dartiailh a pris connaissance de la mort suspecte du chien de Melissa et Mickaël : « Les chiens sont effectivement très sensibles aux cyanobactéries. Le lac de baignade d’Hostens ne fait pas exception mais les seuils sont respectés. L’eau est bonne pour l’Homme et l’ARS le confirme. Je ne vais donc pas fermer le lac à la baignade ».

  Le maire abonde : « Nous avons un des lacs qui résistent le mieux aux cyanobactéries en raison du lignite présent sous l’eau. Mais il faut éviter d’emmener les chiens aux lacs d’Hostens. Il y a une tolérance, c’est vrai, mais cela reste interdit tout le temps. Il faut éviter de leur faire boire cette eau. »