Par Louna Lavergne
Après un premier livre autour de l'autisme Asperger, Florestine Debergue revient avec une nouvelle histoire pour enfants, cette fois-ci autour de l'hypersensibilité. Une particularité qu'elle connait personnellement et qu'elle explique aux plus jeunes grâce au personnage d'Anna dans son livre "La petite fille aux émotions".
"L'hypersensibilité, c'est une force, car nous avons une "longueur d'avance" sur les relations humaines." C'est ainsi que Florestine Debergue décrit l'hypersensibilité dans les premières pages de son récent ouvrage. "La petite fille aux émotions" raconte l'histoire d'Anna et de l'expression de ses émotions, parfois bien différente de celle des autres enfants de son âge, trop à l'extrême. Page après page, la protagoniste apprend à vivre avec sa particularité pour en faire une force. Ce parcours avec l'hypersensibilité est le reflet de celui de son auteure car si la jeune maman aujourd'hui âgée de 33 ans la décrit comme une force, la petite Florestine de 6 ans ne comprenait pas l'extrême empathie qui régnait en elle.
Une histoire particulièrement personnelle
Après avoir traité du sujet de l'autisme Asperger dans un livre pour enfants paru le 7 juillet 2022, Florestine Debergue s'attaque à un sujet plus personnel. "Cette petite fille c'est un peu moi" admet la Belinétoise. A l'âge de 30 ans, l'écrivaine a été reconnue hypersensible. Un mot simple en apparence mais rempli de réponses pour la petite fille qu'elle était. "Je me perdais dans mes émotions, je me sentais à l'écart, j'avais aussi une extrême empathie qui me menait à m'approprier les émotions des autres. J'ai enfin compris ce qui se passait en moi" explique l'ingénieur au ministère des Armées qui en a aujourd'hui fait un atout, elle qui gère une grande équipe.
Dans son livre "La petite fille aux émotions", l'auteure se penche sur une forme d'hypersensibilité, celle concernant les émotions et leur expression. Durant deux jours, au gré de son inspiration et de sa passion pour l'écriture, Florestine Debergue invente l'histoire d'Anna, drôlement inspirée de son vécu personnel. "Il y a quelques années, les émotions étaient tabous, trop ressentir n'était pas considéré comme une bonne chose" conte-t-elle.
Un livre pour les enfants qui se sentent à l'écart
Pour mettre en image ses écrits, la Belinétoise s'est accompagnée d'Eloïse Renaud qui a su retranscrire la sensibilité de l'histoire dans des dessins colorés. Publié aux éditions Amalthée le 9 août dernier et distribué par Hachette, le livre est pour l'heure disponible sur Amazon, et dans des magasins culturels comme la Fnac ou Cultura. Mais l'auteure souhaite aussi le faire distribuer à l'échelle locale dans les librairies, traduisant son amour pour son territoire. Un amour visible au fil des pages : "En tant que bonne amoureuse de la région, on trouve un rappel des pins lors de la balade en forêt d'Anna."
Comme pour son premier ouvrage, Florestine Debergue n'a qu'une seule volonté : aider et accompagner les parents et enfants de 6 - 7 ans à mieux connaître sa particularité pour mieux l'exprimer. Pour cela, elle souhaite se rapprocher des écoles et des associations pour faire en sorte que l'hypersensibilité soit familière aux plus jeunes. En première ligne de sa cible, son fils de bientôt 5 ans, qui fut le premier petit lecteur de l'histoire de "La petite fille aux émotions". "Il a été complètement réceptif à l'histoire même si, à son âge, il a fallu lui expliquer certains mots employés" se réjouit la maman.
Une reconnaissance qui ne saurait tarder
Pour faire connaître l'hypersensibilité auprès des gens, l'auteure belinétoise ne ménage pas ses efforts. "J'ai envoyé le livre à l'émission La maison des maternelles qui traite souvent de ces sujets-là" confie notamment Florestine Debergue. Il faut dire que son premier livre avait connu une certaine résonnance. "Le monde particulier du petit Martin", publié l'an dernier, est arrivé aux oreilles du ministère des Solidarités et des Familles, avant le récent remaniement, ce dernier ayant envie de présenter l'histoire dans les écoles. Une façon pour l'écrivaine de partager sa vision de l'intelligence du cœur : "L'intelligence, pour moi, n'a rien à voir avec l'école. L'intelligence du cœur c'est aussi être ouvert aux autres et à son environnement" explique-t-elle.
Si Florestine Debergue compte bien confirmer l'adage "jamais deux sans trois", elle souhaite se tourner vers un nouveau public : les adultes. "J'aimerais écrire sur la période sombre du burn-out que j'ai vécu il y a trois ans : décrire ce qui s'est passé, l'évolution depuis, le travail sur soi pour comprendre qui on est..." confie l'ingénieure. Un challenge que celle qui se sert de sa plume comme d'un exutoire depuis toujours relèvera le moment venu.