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Belin-Béliet : la salle des fêtes porte son nom, mais qui était Jean-Paul Fabre ?

Par Corentin Barsacq

La construction de la salle des fêtes a été lancée par Jean-Paul Fabre./Collections Amis du musée Lapios.
La construction de la salle des fêtes a été lancée par Jean-Paul Fabre./Collections Amis du musée Lapios.

Son nom permet de différencier les deux salles des fêtes de Belin-Béliet. Jean-Paul Fabre est issu d’une famille qui a donné plusieurs maires au village d’Aliénor. Petit cours d’histoire locale utile avant de se rendre à un loto, une exposition ou un concert entre les murs de cette salle des fêtes.

 

Mais qui était donc Jean-Paul Fabre ? Son nom est aujourd’hui associé à la salle des fêtes de Belin mais pourtant, aucune information sur son existence n’est visible devant l’infrastructure ou bien sur le site de la mairie de Belin-Béliet. Au premier abord, ce n’est pas dans le village d’Aliénor que des éléments de réponse seront apportés. La confirmation vient d’ailleurs d’Internet. Le nom de Jean-Paul Fabre nous mène dans le quartier de Biganon, à Moustey, où l’association des Amis de Biganon recense un maire du même nom à l’époque où Biganon était encore une commune à part entière. Serait-ce là un début de piste ? Pour Gilles Rosière des Amis du musée Lapios, le Jean-Paul Fabre de Biganon est bien celui de Belin. On rembobine.

 

Une lignée de maire !

 

C’est sous l’épaisse forêt du quartier de Joué que les Fabre ont prospéré durant de nombreuses décennies constate Gilles Rosière. Plusieurs branches de cette famille originaire d’Ychoux se sont établies sur le territoire. Celle de Belin débute en 1759 par la naissance de Joseph Fabre qui s’installe à Joué et épouse en secondes noces Marie Patanchon en 1781. Il sera ainsi le deuxième maire de Belin, et cela, à plusieurs reprises. Citons trois mandats allant de 1790 à 1792, 1797 à 1800 et de 1812 à 1816.

L'usine à gemme de la famille Fabre./Collection Gérard Souleyreau.
L'usine à gemme de la famille Fabre./Collection Gérard Souleyreau.

C’est ensuite son fils Jean, né en 1793, qui prend les rênes de la municipalité, d’abord entre 1834 et 1835 puis de 1846 à 1859 avec une interruption de six mois en 1848. C’est notamment lui qui signera l’acte de naissance de son petit-fils, un certain Jean-Paul Fabre. Le fils de Jean est donc le père de Jean-Paul. Né en 1821, il sera maire de 1871 à 1878.

 

Jean-Paul Fabre dit Paul Fabre voit le jour à Joué en 1851. La tradition oblige, il sera lui aussi maire, non pas de Belin mais de la commune de Biganon entre 1886 et 1888. Dans la commune landaise qui sera, bien plus tard, rattachée à Moustey, le nom de Fabre a laissé des traces dans l’histoire locale. On sait par exemple qu’un vitrail représentant Saint-Paul entre les murs de l’église Saint-Pierre-Es-Liens avait été offert par Paul Fabre qui, malgré sa fonction de maire, habitait à Belin.

 

Une famille dans la gemme

 

L’homme s’était fait construire une belle demeure dans le centre-bourg de la commune. On appelait cette vaste construction « le domaine Fabre » qui, aujourd’hui, n’est autre que la caserne des sapeurs-pompiers. Il faut dire que la famille a pu développer une véritable économie par le biais de l’usine à gemme de Joué dont les Fabre étaient les propriétaires.

 

Pour étendre leur marché, les Fabre n’hésitent pas à jouer de leur influence afin d’obtenir la création de la halte de Joué sur la ligne de chemin de fer et ce dans le but d’expédier leurs productions, notamment des poteaux de mines. « Avant l’arrivée du train, c’est par le bais des charrettes à bœufs qu’ils envoyaient leurs produits jusqu’à Beautiran. Là-bas, les poteaux étaient chargés sur des bateaux jusqu’à Bordeaux avant de prendre le large en direction de l’Angleterre » ajoute Gille Rosière.

 

La maison de Jean-Paul Fabre, devenue aujourd'hui la caserne des pompiers./Collections Gérard Souleyreau.
La maison de Jean-Paul Fabre, devenue aujourd'hui la caserne des pompiers./Collections Gérard Souleyreau.

Outre cette industrie, la famille possédait de nombreuses parcelles de pins à Belin, Hostens ou encore Saint-Symphorien, mais aussi des troupeaux de moutons qui permettaient de récolter leur laine. Le ruisseau de Bouron abritait ainsi un lavoir à laine. Désirant apporter des services au sein du quartier de Joué, la famille subventionne la construction de l’école du quartier. Quant à la salle des fêtes, elle porte le nom de Jean-Paul Fabre en raison du fait qu’elle a été bâtie sur son terrain. « C’est lui qui l’a fait construire à ses frais et l’a louée à la commune avec achat au terme de la location » termine Gilles Rosière.

 

Remerciements à Gilles Rosière, auteur de ces recherches sur la famille Fabre.