· 

Belin-Béliet : le ton se durcit entre le club de foot et la municipalité

Par Louna Lavergne

De vifs échanges ont eu lieu entre les présidents du FC Belin-Béliet et le maire Cyrille Declercq./Photo LB
De vifs échanges ont eu lieu entre les présidents du FC Belin-Béliet et le maire Cyrille Declercq./Photo LB

Lors de l’assemblée générale du FC Belin-Béliet vendredi soir, le dialogue a été difficile entre le maire de la commune Cyrille Declercq et les co-présidents du club Christophe et Florent Barsacq. En cause, l’association sportive réclame plus de moyens et plus d’infrastructures quand le maire maintient que l’investissement de la municipalité en faveur du club est de 100 000 euros par an. 

 

« Quand j’entends que le club vous coûte 100 000 euros par an, ça a le don de me faire monter la température. » S’il est vrai que la pelouse du stade Pierre Mano a de tout temps été le théâtre de tacles rugueux, c’est sans protège-tibias, sans crampons mais aussi sans filtres que Christophe et Florent Barsacq ont engagé un attaque-défense aux côtés de la municipalité. En présence du maire de Belin-Béliet Cyrille Declercq et de l’adjoint en charge des travaux Bruno Coucaud, l’assemblée générale du vendredi 9 juin avait débuté par la rétrospective des résultats dans les différentes catégories du club.

 

En charge de la présidence de l’école de football, l’honneur revenait à Florent Barsacq de donner le coup d’envoi de la soirée en rentrant dans le vif du sujet : « C’est une année record pour le club qui enregistre plus de 200 licenciés dans son école. C’est aussi une année délicate où il faut faire rentrer 48 enfants sur un demi-terrain. On commence à avoir la crise du logement. La population augmente, il va falloir penser à agrandir le stade Suzon » déclarait l’ancien gardien de la cage verte. 

 

« Faire en sorte que personne ne reste sur la touche » 

 

L’urgence est là pour le club qui envisage notamment de délocaliser des entrainements dans une commune voisine, tout en accueillant certaines catégories le lundi. « On se structure depuis maintenant cinq ans, les éducateurs font tourner la boutique. L’an prochain, nous aurons trois services civiques. On doit faire en sorte que personne ne reste sur la touche car nous n’avons pas la possibilité de faire jouer tout le monde sur un terrain » poursuivait Florent Barsacq, avant de remercier la municipalité pour les efforts consentis. 

Christophe Barsacq s’est quant à lui consacré aux parcours des trois équipes seniors, tout en se félicitant de l’arrivée prochaine de quatre nouvelles recrues, sans compter les jeunes joueurs de l’école de foot accédant l’an prochain à la catégorie seniors. Le président a également fustigé les différentes réformes, toujours plus nombreuses, de la Ligue de Football Nouvelle-Aquitaine, tout en insistant aussi sur le déficit d’infrastructures à Belin-Béliet : « Je prêche pour ma paroisse mais la situation est la même pour d’autres associations sportives. Ce n’est pas de la faute de la nouvelle municipalité, je dirais plutôt que c’est le résultat des 25 dernières années ». 

 

Face à ces déclarations, le maire de Belin-Béliet Cyrille Declercq n’a pas contredit ce constat : « Dire le contraire au sujet des infrastructures serait mentir » lançait-il avant d’annoncer que la création d’une plaine des sports était envisagée dans le PLUi-H récemment arrêté par les cinq communes du Val de l’Eyre : « Mais cela ne veut pas dire qu’elle se fera » tempérait l’édile, citant notamment la possibilité d’une présence de zone humide sur le terrain envisagé, au nord de la commune près de la station d’épuration. 

 

« Il y a une durée pour faire des constats, maintenant il faut les solutions »

 

Au moment de lister les différentes actions de la municipalité en faveur du FC Belin-Béliet, Cyrille Declercq avançait la somme de 300 000 euros engagée par la mairie depuis 2020 à destination de l’association sportive. Ainsi, le maire rappelait le devoir de préserver des finances saines. Un montant qui a rapidement provoqué une vive réaction de la présidence du club : « Un ami me disait que les chiffres, c’est comme les hommes, si on les torture, on peut leur faire dire ce qu’on veut » répondait Christophe Barsacq, se lançant dans un monologue digne d’un conseiller municipal et mettant en doute le montant annoncé. 

 

« Quand j’entends dire que le club vous coûte 100 000 euros par an, ça a le don de me faire monter la température. J’ai toujours dit que l’entretien du stade Pierre Mano était une escroquerie à 30 000 euros. Vous avez la personne en compétence pour le faire à la commune » lançait-il tout d’abord, avant de citer la subvention annuelle versée par la municipalité à l’école de musique de Chalemine : « D’après mes derniers calculs, ils ont 22 enfants. Cela représente 900 euros par enfant quand nous sommes à 30€. J’apprends aussi que le PRIJ va être agrandi. Je n’ai jamais vu de bouchons à l’entrée du bâtiment. Il y avait aussi l’agrandissement des vestiaires de Suzon prévu dans le plan pluriannuel d’investissement mais cela a dû prendre du retard » poursuivait, ironique, le président du club. 

 

Sans ambages, Florent Barsacq cite également le cas du stade Suzon et la crainte que la nouvelle pelouse semée l’an dernier soit détériorée : « Notre crainte, c’est que les 30 000 euros investis l’an dernier sur le stade soit ruinés cet été parce que les gens feront n’importe quoi dessus. Nous avions demandé que le stade soit fermé. » 

 

Loin d’être une douce mélodie

 

Devis en main, son homologue de la présidence indique que le grillage pouvait être fourni par un partenaire du club, avant, une nouvelle fois, de hausser le ton : « On propose des choses mais derrière, il faut que ça avance. Nous avions proposé d’installer des containers aux vestiaires simplement pour que, comme tous les clubs, nos gamins puissent prendre la collation sans se tremper quand il pleut. Il y a une durée pour faire des constats, maintenant il faut les solutions. À Salles, ils vont prendre deux terrains synthétiques. Ils ont le foncier et ils ont l’argent ! ». 

Le stade Suzon a fait peau neuve durant l'année 2022./Photo d'archives LB
Le stade Suzon a fait peau neuve durant l'année 2022./Photo d'archives LB

« On peut faire comme à Salles mais le coût de l’impôt représente deux fois le nôtre pour une même superficie » se défendait l’édile tout en indiquant que le stade Suzon serait prochainement fermé dans sa partie récemment réhabilitée. Là encore, les esprits se sont une nouvelle fois échauffés lorsque Cyrille Declercq maintenait le fait que le FC Belin-Béliet était « l’association qui percevait le plus de subventions » en s’appuyant à la fois sur la subvention municipale de 6 240 € et les frais d’entretiens des stades : « Nous sommes aussi l’association la plus dynamique. Vous appelez l’association Chalemine pour tenir les buvettes ? Nous on y participe tout au long de l’année » arguait Florent Barsacq, avant que plusieurs voix ne s’élèvent dans l’assemblée pour pointer du doigt, une nouvelle fois, la subvention municipale de 18 000 € accordée à l’école de musique. 

 

Dans un débat sans fin, c’est finalement la présentation du rapport financier par la trésorière Véronique Ballet et l’énoncé des résultats par catégorie effectué par le secrétaire Patrick Plantey qui auront permis de retrouver le calme. Fair-play, Christophe Barsacq a une nouvelle fois remerciée la municipalité de son soutien avant de clore l’assemblée générale, et de poursuivre les discussions autour du verre de l’amitié.