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Le Barp : l'autisme présenté entre les murs de l'airial du nid de l'Agasse

Par Louna Lavergne

Pauline Marciset, monitrice éducatrice, et Magalie Soubrane, A.E.S, font partie du personnel de l'établissement et ont présenté,  avec le sourire, les emplois du temps des résidents./Crédit photo LB
Pauline Marciset, monitrice éducatrice, et Magalie Soubrane, A.E.S, font partie du personnel de l'établissement et ont présenté, avec le sourire, les emplois du temps des résidents./Crédit photo LB

Un mois après la journée de sensibilisation à l'autisme, le foyer d'accueil médicalisé L'airial du nid de l'Agasse a ouvert ses portes le samedi 13 mai aux familles des résidents mais également à des visiteurs curieux de se familiariser avec les troubles du spectre de l’autisme. 

Guidés par un chemin balisé de ballons bleus, couleur associée à l'autisme pour le calme qu'elle amène, les visiteurs affluent dans le FAM et le foyer occupationnel du Barp. Les familles de certains résidents connaissent déjà les lieux et les arpentent avec une certaine impatience de retrouver leurs proches. D'autres visiteurs viennent ici pour la première fois à l'occasion de la journée portes ouvertes de l'établissement avec une idée en tête : en apprendre un peu plus sur les troubles autistiques.

 

A l'entrée, la directrice de l'établissement, Christine Berthelot accueille les curieux qui commencent ensuite la balade au sein du foyer. À travers divers stands, présentations et activités, ils s'apprêtent à découvrir et à vivre le quotidien des adultes autistes qui habitent ici. 

 

"Comment se faire comprendre ?"

 

Au début du chemin, l'aide soignante Marion Jouneau tient le stand "santé". Elle y présente les partenaires de l'établissement qui peuvent aider à déceler l'autisme et aider à l'accès aux soins. "Suivant s'ils sont verbaux ou non-verbaux, les patients doivent pouvoir exprimer comment ils se sentent pour obtenir les soins nécessaires" explique l'aide soignante. Par des pictogrammes, des BD ou des images, les résidents expriment leurs besoins aux professionnels de santé. Cet apprentissage peut prendre un certain temps avant d'être pleinement assimilé pour certains, sans oublier que d'autres perturbateurs du trouble autistique peuvent rentrer en jeu. "Un résident allait chez le dentiste depuis un an. Il lui aura fallu un an pour pouvoir recevoir un soin sans bouger" raconte Marion Jouneau. 

 

Plus loin, le directeur adjoint, Florent Vincent-Viry, présente l'association gestionnaire de l'établissement, l' ADIAPH, qui gère plus de 20 établissements en Gironde et dans les Pyrénées-Atlantiques. Différents services sont proposés par l'association avec des services d'accompagnement à domicile ou d'éducation spécialisée et soins à domicile, du travail adapté, ou encore une classe pour enfants autistes afin de les accompagner dans une école dite "classique". 

 

"Comprendre comment une personne avec autisme fonctionne"

 

En continuant sur le chemin, une salle propose diverses activités pour se mettre à la place d'un adulte autiste et comprendre son quotidien. Menés en partie par la psychologue Elodie Serrette, les ateliers ont chacun leur spécificité :

  • un atelier sur le langage : en prenant le sens concret des expressions, des images ont été créées. A chaque visiteur de retrouver l'expression française qui se cache derrière ces drôles de propositions imagées. 
  • un atelier sur les émotions : dans quatre situations une personne autiste pleure. Le visiteur doit trouver la raison pour laquelle il pleure et l'associer au bon dessin. 
  • un atelier sur la concentration : installé sur une plateforme instable, le visiteur doit réaliser un Rubik's cube tout en écoutant une fable, ponctuée de différents stimuli auditifs pour perturber l'écoute. 

Ces activités permettent à chacun de se rendre compte de la difficulté présentée dans le quotidien d'une personne présentant un trouble autiste et de mieux appréhender les échanges avec elle.

En compagnie de la psychologue, Elodie Serrette, les visiteurs de l'établissement tentent de résoudre les différentes acitvités./Crédit photo LB
En compagnie de la psychologue, Elodie Serrette, les visiteurs de l'établissement tentent de résoudre les différentes acitvités./Crédit photo LB

Dans le foyer, pas le temps de s'ennuyer

 

Le but de cette journée portes ouvertes est de familiariser les plus curieux avec la vie des résidents de l'établissement. Pour ce faire, Pauline Marciset, monitrice éducatrice, et Magalie Soubrane, accompagnant éducatif et social, expliquent les emplois du temps des habitants des lieux. "A partir des évaluations de la psychologue, des outils, avec différentes sensorialités sont créés pour aider les résidents à se repérer dans le temps" explique Pauline Marciset. Suivant leur autisme, les adultes du FAM peuvent avoir des objets, des photos d'objets, des pictogrammes ou bien des mots pour savoir ce qu'ils sont censés être en train de faire à l'instant T. 

Un exemple d'emploi du temps qu'un résident a, attaché autour du cou, pour savoir ce qu'il doit faire et avec qui./Crédit photo LB
Un exemple d'emploi du temps qu'un résident a, attaché autour du cou, pour savoir ce qu'il doit faire et avec qui./Crédit photo LB

Les deux guides pour la journée sont également en charge de familiariser les visiteurs avec la communication expressive. "Nous avons un classeur de communication par échange d'images ou d'objets pour que, quand un résident nous donne par exemple l'image d'un gobelet, on puisse comprendre qu'il a soif" démontre Magalie Soubrane. Aussi, sont exposés sur le mur les séquentiels pour guider les adultes autistes de l'établissement à réaliser une tâche comme une recette de cuisine imagée ou encore un séquentiel pour détailler les étapes des parties du corps à laver sous la douche. 

Le séquentiel affiché au mur détaille les étapes à suivre pour prendre une douche./Crédit photo LB
Le séquentiel affiché au mur détaille les étapes à suivre pour prendre une douche./Crédit photo LB

Les journées sont bien remplies au FAM et au FO, L'airial du nid de l'Agasse du Barp pour les 42 résidents qui l'habitent.  Avec des activités artistiques comme la musique ou la danse sans oublier des activités sportives avec des sorties au judo ou à la piscine, l'établissement est plus que vivant. Après des évaluations faites par la psychomotricienne et la psychologue, des profils sont établis et certains peuvent avoir accès à la salle sensorielle.

 

Le but de ce lieu est de répondre au mieux aux besoins des résidents en fonction de leur profil. Certains sont hypo ou hyper sensoriels. "On va mettre en place des aménagements environnementaux par exemple, pour un patient qui a des difficultés auditives, on va lui fournir des casques anti-bruits" explique l'une des employés de l'établissement. 

 

Pour conclure la visite, les visages des habitants sont exposés en photos. "Certains sont là depuis 25 ans et finiront sans doute leurs jours ici" confie une aide soignante. Le plus jeune résident a 21 ans contre 66 pour le doyen des lieux. Beaucoup vivent ici de façon permanente. D'autres rentrent chez eux le week-end grâce à l'aller-retour de proches.

 

Comme l'un d'eux d'une soixantaine d'années qui voit sa mère de 90 ans arriver chaque fin de semaine pour l'amener à la maison. Après avoir visité l'établissement barpais, les visiteurs rentrent chez eux en ayant l'impression d'un quotidien, non pas différent, mais simplement adapté aux personnes présentant un trouble autiste.