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De Salles jusqu'au Vietnam à vélo, le défi fou relevé par Marius Lalande

Par Louna Lavergne

Marius Lalande a fait de multiples rencontres en traversant douze pays pour aller de Salles à Saïgon./Crédit photo ML
Marius Lalande a fait de multiples rencontres en traversant douze pays pour aller de Salles à Saïgon./Crédit photo ML

En octobre 2022, Marius Lalande a quitté Salles pour un périple inédit : rallier le Vietnam à vélo. Après six mois de bornes parcourues et douze pays traversés, le jeune homme raconte son épopée à deux roues et aux milliers de souvenirs, après avoir avalé 10 500 km.

 

D’une vague idée germée dans son esprit en 2018, Marius Lalande en a fait le voyage de sa vie. Le 5 octobre 2022, le Sallois a enfourché son vélo pour six mois de voyage à travers l’Europe et l’Asie avec en tête sa destination finale : le Vietnam et la ville d’Hô-Chi-Minh. Rentré dans sa chère ferme du Pougniquet le 12 avril dernier, le jeune cycliste partage son expérience avec fierté, passion et une pointe de nostalgie. 

 

“Comme quand on construit une maison, on doit tout savoir avant de commencer”

 

Tout commence en 2018 lorsque Marius regarde les “vlogs” d’un youtubeur reliant Paris au Japon à vélo. “J’ai envoyé un message à un pote pour qu’on parte au Vietnam à deux roues” explique le Sallois. La destination n’est pas choisie au hasard. Pratiquant d’arts martiaux vietnamien depuis dix ans, le cycliste alors amateur voit là l’opportunité de découvrir le pays qui l’anime. Si son ami n’a pas pu partir, Marius a bien pris tout son matériel pour se lancer dans cette folle aventure. 

 

Du matériel, il lui en fallait pour six mois de voyage. “Quand on se projette, il y a de l’imprévu et cet imprévu, il faut le réduire le plus possible” raconte Marius qui poursuit : “C’est comme quand on construit une maison, on doit tout savoir avant de commencer”. Les reliefs, les températures sont autant de facteurs qui entrent en jeu au moment de préparer son sac à dos.

 

Son vélo aussi se devait d’en avoir sous la pédale ! Pour se rôder à son fidèle destrier, le jeune Sallois rejoint l’association mérignacaise “Léon à vélo”. Là-bas, il répare des deux roues et apprend aux côtés d’érudits de la bécane. Avare de conseils et de réponses à ses questions, Marius récolte les armes nécessaires à son périple. “A la fin, j’ai commandé mes pièces et j’ai confectionné mon vélo pour qu’il soit adapté à mon voyage avec trois conditions : facilement réparable, efficace et pas cher” annonce fièrement l’étudiant en master de philosophie.

Muni de son vélo conceptualisé par ses soins, Marius a su réduire l'imprévu comme il le dit si bien./Crédit photo ML
Muni de son vélo conceptualisé par ses soins, Marius a su réduire l'imprévu comme il le dit si bien./Crédit photo ML

De la ferme du Pougniquet au musée de la Guerre de Hô-Chi-Minh

 

Du haut de ses 23 ans, Marius Lalande enfourche son vélo le 5 octobre 2022 et quitte sa bourgade salloise, direction La Réole. Avec son acolyte métallique, ils traversent la France à coup de 100km par jour. Après avoir surmonté les Alpes italiennes, il se rend en Slovénie, puis en Croatie dans la même journée, une vingtaine de kilomètres séparant les deux frontières. L’étudiant maintient son cap à l’Est pour arriver en Serbie, en Bulgarie, puis en Turquie après deux mois de coups de pédales.

En Turquie au mois de décembre, Marius a vécu la Coupe du Monde auprès de la population Turque./Crédit photo ML
En Turquie au mois de décembre, Marius a vécu la Coupe du Monde auprès de la population Turque./Crédit photo ML

Marius met un mois pour traverser la Turquie jusqu’en Géorgie où il pose sa béquille début janvier, période de Noël dans ce pays orthodoxe. A partir d’ici, le Sallois se retrouve bloqué. “Soit je passais par la Russie qui est en conflit, soit je passais par l’Afghanistan et le Pakistan. Aucune des options ne semblait pertinente pour ma survie” plaisante aujourd’hui le désormais cycliste confirmé. Il atterrit alors à New Delhi en Inde et prend un mois pour parcourir le pays en diagonal et rallier Calcutta. 

 

De nouveau, la situation se présente mal pour le téméraire voyageur. La Birmanie, en guerre civile depuis deux ans maintenant, est impénétrable. Qu’à cela ne tienne, l’avion est sa solution pour continuer sa route en Thaïlande. Sur place, il va vers l’Est et passe la frontière cambodgienne. “Pour traverser la Thaïlande, le Cambodge et la frontière vietnamienne, j’avais l‘équivalent de Salles-Marseille” compare le Sallois qui, 70 à 100 km par jour durant six mois, arrive le 16 mars à sa destination tant attendue, Hô-Chi-Minh-ville aussi appelée Saïgon.

 

Un périple riche d’enseignements et de souvenirs

 

Durant son épopée, Marius Lalande a diversifié ses options de couchage. Favorisant la tente au départ de son itinéraire, il la délaisse après la Turquie pour se rabattre sur une application qui met en relation des habitants avec des personnes en recherche d’un endroit pour dormir. “En plus de l’hébergement, j’avais de la compagnie. 80% des choses que j’ai apprises sur l’Inde, c’est grâce à des gens qui m’ont hébergé” se remémore le cyclotouriste. En Asie, le jeune homme s’adonne également à quelques nuits à l’hôtel, au prix compris entre 5 et 10 euros et plus que pratique lorsque la chambre était équipée de climatisation par une température avoisinant les 40°C.

Marius n'a pas manqué d'immortaliser ses étapes comme ici en Serbie./Crédit photo ML
Marius n'a pas manqué d'immortaliser ses étapes comme ici en Serbie./Crédit photo ML

A la découverte de pays étrangers mais aussi de leurs habitants, Marius s’émerveille des histoires et cultures qui peuplent les terres sillonnées par son deux roues. Intrigué par l’histoire de l’Indochine, il apprend auprès des populations cambodgiennes et vietnamiennes les tristes déroulées des guerres éponymes. “C’est des échanges qui sont toujours enrichissants” se rappelle le Sallois. En plus de la culture, Marius se familiarise avec les langues locales, sans oublier l’anglais, largement parlé dans les pays traversés. “Mon anglais est plus fluide et j’ai même quelques bases de turc et de vietnamien” s'enorgueillit-il.

 

Un retour en France bien méritée

 

Après être resté quelques semaines au Vietnam pour apprendre les arts martiaux auprès de grands maîtres, Marius fait son retour à Salles le 11 avril dernier. Une date sur laquelle ses amis n’auraient pas parié. “Mes potes ont lancé des paris sur le pays où j’allais abandonner. Ils ont tous perdu” raconte l’étudiant avec fierté. Si ses proches étaient inquiets, ils n’étaient pas surpris par la drôle d’idée du Sallois. Marius aime les défis, preuve en est son initiative de lancer un festival à Salles, “Le Pougniq” qui vivra sa deuxième édition en juillet et sur lequel le cyclotouriste a continué de travailler à distance. “Quand j’envoyais pas de message à ma mère, elle me demandait si j’étais en vie” rigole le Girondin. 

 

Au moment de regagner sa ferme du Pougniquet, l’aventurier se sent soulagé de savoir où il dormira chaque soir. L’incertitude pesante à la longue se transforme en une familiarité apaisante. En bon français, Marius retrouve également sa baguette de pain et son fromage, la gastronomie avec laquelle il a grandi. Même en ayant exploré deux continents, c’est bien dans sa maison salloise que le jeune homme se sent le mieux.

Marius a finalement pu découvrir le Vietnam durant trois semaines après six mois de périple./Crédit photo ML
Marius a finalement pu découvrir le Vietnam durant trois semaines après six mois de périple./Crédit photo ML