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État des pistes forestières, sécheresse, l'inquiétude du président de la DFCI Gironde Bruno Lafon

Par Corentin Barsacq

L'absence de pluie et l'état des pistes forestières inspirent des craintes au sein de la DFCI./Crédit photo Xavier Davias / Dépêche du Bassin
L'absence de pluie et l'état des pistes forestières inspirent des craintes au sein de la DFCI./Crédit photo Xavier Davias / Dépêche du Bassin

Président de la DFCI Gironde et maire de Biganos, Bruno Lafon a récemment tiré la sonnette d’alarme à quelques semaines du début de la saison des feux. Le printemps prochain pourrait en effet entraîner des départs de feu favorisés par l’absence de pluies abondantes. Il s’en explique. 

 

« La forêt incendiée est comme Notre-Dame-de-Paris. Il faudra des années pour la reconstruire », et le maire de Biganos Bruno Lafon sait de quoi il parle. Président de la DFCI Gironde, il a également été nommé il y a quelques mois président par interim du syndicat des sylviculteurs du Sud-Ouest, une fonction déjà exercée durant dix années. En date du 24 janvier dernier, il signait un communiqué de presse pointant du doigt l’urgence à l’approche de la saison des feux 2023. Car en Gironde comme ailleurs, le printemps est synonyme de période délicate pour les sapeurs-pompiers : « Nous n’avons eu que très peu de pluies abondantes au cours de ces derniers mois » note également Bruno Lafon. 

 

Mais dans le communiqué de la DFCI Aquitaine, le Boïen regrettait d'abord une absence de réponse de la part de l’État, et ce malgré la tenue d’une réunion concernant la stratégie de prévention contre les feux de forêt initiée par les deux entités : « Il y a pourtant urgence à agir si on veut éviter que la catastrophe de 2022 se reproduise » écrivait-il à la fin du mois dernier. 

 

Depuis, Bruno Lafon a été reçu par le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau afin d’aborder ces différents points. Si cet entretien qui s’est tenu le lundi 6 février délivrera ses avancées au fil des jours, le président girondin demandait notamment une aide à destination des DFCI dans le cadre de la remise en état de pistes forestières amochées par le balai quotidien des forestiers en charge de déboiser les parcelles calcinées. Un travail que salue d'ailleurs Bruno Lafon. 

 

« La prévention coûte moins chère que la lutte active »

 

Ce dernier demandait également plus de moyens à l’égard des Association Syndicale Autorisée de Défense des Forêts Contre l'Incendie (ASA DFCI) aussi bien du côté d’une remise en état de leur flotte afin d’assurer la garde du feu, que de l’équipement de l’ensemble des bénévoles avec des tenues identifiées DFCI.  

 

Enfin, la DFCI souhaite renforcer la coordination entre les sapeurs-pompiers et leurs bénévoles : «  Les feux d’ampleur ont montré que nous avions notamment besoin des agriculteurs qui ont rendu un service considérable. Mais pour gagner en rapidité, ils doivent être coordonnés par la DFCI. C’est pour cela que nous avons fait de l’animation un axe majeur » poursuit le sylviculteur. La DFCI, qui agit tout au long de l’année par prévention au sein du massif forestier, doit maintenant faire face aux retombées d’une année complexe : « Nous ne pourrons pas remettre en état toutes les pistes avant le début de la saison des feux qui interviendra au printemps. C’est pour cela que nous demandons à ce que nous ayons plus de moyen afin d’améliorer les pare-feux, la largeur des pistes ou des chemins forestiers. Notre travail, c’est de faire en sorte que les sapeurs-pompiers interviennent le plus rapidement possible. Et il est clair que la prévention coûte moins chère que la lutte active » rappelle-t-il. 

 

« Nous ne sommes pas tranquilles… » 

 

La DFCI, qui milite notamment pour la prise en compte du risque feux de forêt dans les documents d’urbanisme ou encore dans l’application des Obligations légales de débroussaillement, reste aux aguets quant à l’arrivée des beaux jours. Plusieurs facteurs sont inquiétants : « L’absence de pluie en premier lieu, mais aussi l’état des pistes qui ne permettront pas d’accéder à certaines parcelles. Il faudra trouver d’autres accès, et nous n’avons pas le temps de tout réparer en l’espace de quelques mois » explique Bruno Lafon. 

 

Reste alors un outil essentiel pour limiter les risques de départ d’incendie, dont seulement 10% sont liés à une origine naturelle : la prévention adressée au grand public. Un outil essentiel selon le président des sylviculteurs du Sud-Ouest : « Nous sommes des spécialistes et savons que la saison va démarrer d’ici quelques semaines. Mais il faut qu’il y ait une communication accrue sur l’ensemble du territoire national pour sensibiliser aux bons gestes, notamment autour de l’interdiction d’accès aux forêts lorsque le territoire connaît une vigilance, ou encore les mégots qui sont un fléau. Il faut comprendre qu’en bordure de forêt, on ne peut pas faire n’importe quoi ».