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Saugnac-et-Muret : ces derniers mois, le juteux jackpot intercepté par la douane

Par Corentin Barsacq

En décembre dernier, la douane avait mis la main sur 580 kilos de cocaïne.../Photo Douanes françaises.
En décembre dernier, la douane avait mis la main sur 580 kilos de cocaïne.../Photo Douanes françaises.

Au début du mois de janvier, la découverte au péage de Saugnac-et-Muret d’un véhicule transportant 28 kilos de civelles, une espèce protégée, a permis de révéler la présence d’un lieu de stockage clandestin en région parisienne. Une saisie de plus pour les douaniers qui ont multiplié les coups de filet sur l’A63 à hauteur de la commune landaise. Chronologie des faits. 

 

C’est un fait. De tout temps, la traversée de l’Aquitaine a donné lieu à d’importants trafics de contrebande que l’on pouvait observer même au temps des Romains. Mais aujourd’hui, la douane ne se contente pas simplement d’observer mais bien de sévir. Et pour certains, le péage de Saugnac-et-Muret en service depuis 2013 coûte particulièrement cher. Ces derniers mois, les saisies importantes se sont multipliées sur une zone particulièrement exposée au trafic entre l’Espagne et la France. A tel point que la présence des douanes est quasiment quotidienne afin de contrôler les véhicules. 

 

En septembre 2022 déjà, la brigade de surveillance extérieure de la douane d’Arcachon interceptait un véhicule immatriculé en Espagne. À bord de l’habitacle, trois sacs de sport contenant quelque 93 kilos de résine de cannabis. Plus tard, en octobre dernier, une coordination entre les autorités suisses et françaises avait permis de mettre la main sur deux enfants qui auraient été victimes d’une tentative d’enlèvement en Suisse sous l’égide de leur père, la veille. L’affaire avait alors connu son dénouement au péage de Saugnac-et-Muret lorsque les trois occupants du véhicule avaient pu être interpellés et les enfants mis en sécurité alors même que le convoi souhaitait gagner l’Espagne. 

Il aura suffi de seulement quelques jours pour que les douaniers reviennent dans la commune limitrophe de la Gironde pour écarter de la route un chauffeur inconscient. Le 26 octobre, un conducteur polonais présentait en effet 3,24 grammes d’alcool par litre de sang à l’éthylomètre tendu par les forces de l’ordre, une nouvelle fois au péage autoroutier. 

 

Une semaine plus tard, dans la nuit du 2 au 3 novembre 2022, deux Espagnols bloqués devant la barrière du péage, faute de pouvoir payer, attirent l’attention de la douane. Et le comportement quelque peu étrange des occupants du véhicule va rapidement délivrer son origine. Dans le coffre de la voiture, 16 kg de cannabis sont empaquetés délicatement. Le conducteur du véhicule écopera de sept mois de prison ferme et 50 000 euros d’amende. 

 

Un mois de décembre fructueux 

 

Puis vint le temps de l’Avent, où les trafiquants de drogue réservaient de nombreux cadeaux à l’État français. D’abord avec cette spectaculaire saisie de 580 kg de cocaïne le lundi 12 décembre. Le chargement était camouflé sur des palettes de carrelage dont la valeur avoisinait plusieurs dizaines de millions d’euros. La trouvaille aura mérité les félicitations du ministre de l'Economie Bruno Le Maire. 

 

Huit jours plus tard, le 20 décembre, toujours au péage de Saugnac-et-Muret, les douaniers interceptent cette fois-ci un camion immatriculé en Espagne. Quelques réticences sont formulées par les occupants du poids-lourd à l’idée d’ouvrir la remorque, et pour cause. A l’intérieur, la douane découvre, au sein d’un chargement de canapés, pas moins de 110 kilos d’herbe de cannabis. 

 

Plus récemment, la douane d’Arcachon a effectué un contrôle inopiné le 8 janvier dernier. C’est au cours de ce qui devait être un simple contrôle de routine que les autorités ont découvert que le véhicule transportait plus de 28 kilos de civelles, un poisson dont l’espèce est protégée et qui se vend à prix d’or aussi bien en France qu’en Asie. 

 

D’une pierre deux coups, les douanes ont pu par la suite révéler au grand jour l’activité d’un réseau clandestin en région parisienne par la découverte d’un lieu de stockage où se trouvaient 150 kg de civelles. Une information judiciaire a été ouverte tandis que les deux chauffeurs ont été mis en examen et placés en détention provisoire.

 

Une saisie qui n'est pas sans rappeler des faits survenus en janvier 2017. A cette époque, les douaniers avaient immobilisé un camion transportant 520 kilos de civelles braconnées et vouées à être acheminées vers la Thaïlande.