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Belin-Béliet : contre le projet de 70 logements, les riverains montent une association

Par Louna Lavergne

Les riverains pointent du doigt l'ampleur de ce projet privé./Photo CB Le Belinétois
Les riverains pointent du doigt l'ampleur de ce projet privé./Photo CB Le Belinétois

A la mi-novembre, la route de la Houna a vu fleurir le permis de construire de 70 logements divisés en trois bâtiments distincts. Un projet immobilier auquel des riverains du quartier comptent bien s’opposer, se réunissant à près de 52 personnes sous une même association. 

 

Le mois dernier, Le Belinétois faisait part d’un projet immobilier sur la route de la Houna à Belin. Depuis mi-novembre, le permis de construire trône désormais sur le grillage de la propriété rachetée par le promoteur Pichet. Un affichage loin de ravir les voisins de ce projet qui ont décidé de s’unir sous une même bannière, celle de l’association “Les riverains de la Houna, des platanes et de la place de l’Eglise”.

70 logements et 3 immeubles

 

À l’heure actuelle, derrière la clôture, s’érige une bâtisse ancienne entourée d’un large espace vert abritant notamment un verger. Cette maison, l'ancien propriétaire l’a vendu au promoteur Pichet en vue d'y implanter trois immeubles pour un total de 70 logements et 110 places de parking. " Ce même promoteur est également allé rendre visite à la voisine mitoyenne du terrain pour acheter sa propriété et y implanter un quatrième immeuble. Une proposition que la Belinétoise a refusé à sept reprises, tenant à conserver le terrain familial" explique l'Elyane Chapuis, à l'initiative de l'association.

 

Délivré le 21 octobre dernier, le permis de construire permet aux riverains de la Houna d’imaginer l’ampleur du projet. 5 102m² de parcelle achetée pour 336m² à démolir et y bâtir des logements pour une hauteur de 11.21m. Au sein de ces futurs immeubles, des T1, T2 et T3 à destination des jeunes et familles mais également 15 logements pour séniors gérés par le CCAS de la mairie de Belin-Béliet. A la place de la verte pelouse, 110 places de parking prendront place sur le terrain. 

“ Nous disons “non” à ce projet-là”

 

Face à l’implantation de ces trois bâtiments, les riverains du quartier se sont réunis pour créer une association contre ce projet, “Les riverains de la Houna, des platanes et de la place de l’Eglise”. Elyane Chapuis est présidente et voisine mitoyenne du projet immobilier.  Avec elle, Anne Luyten, secrétaire de l’association, et Alain Thibault, vice-président. “Dans cette petite rue déjà peu praticable, on aurait quasiment 300 véhicules supplémentaires” estime ce dernier avant qu’Anne Luyten ne complète : “Le PLU dit que là où il y a des constructions, la voirie doit suivre et là, c’est une allée cabossée.”

 

La chaussée et l’assainissement se présentent comme les principales inquiétudes des habitants du quartier. “ Il y aura un impact sur la solidité de la chaussée déjà abîmée par le va-et-vient des engins travaillant déjà sur les deux autres futurs lotissements. La réfection totale de la chaussée après les travaux n’est pas prévue à ce jour” souligne Elyane Chapuis.

 

Pour l’assainissement, nombreux sont les riverains qui craignent le flot important d’eaux usées de tant d’habitations. Parmi leurs autres inquiétudes, la tranquillité que tous aimaient dans le quartier de la Houna. “Nous sommes là pour une tranquillité que l’on n’a plus. Avec l’addition des incivilités, on se retrouve dans une ville dortoir” exprime Alain Thibault. 

53 arbres à abattre

 

Pour faire valoir leur recours gracieux engagé avec l’aide d’une avocate, les membres de l’association souhaitent notamment mettre en évidence la biodiversité qu’abrite le terrain acheté par le promoteur. Le jardin comporte notamment un tilleul centenaire ainsi qu’une vingtaine d’arbres fruitiers présents depuis une décennie. Au total, plus de 50 arbres devraient être abattus pour que les immeubles puissent sortir de terre. En outre, cette végétation attire oiseaux, petits mammifères et insectes. “On nous dit qu’on veut garder les espaces verts, mais ici, les espaces verts, on les goudronne” argumente la secrétaire de l’association d’habitants. 

 

Les habitants font également valoir les nuisances sonores et environnementales dans le quartier lié à ce projet immobilier. Route chargée de voiture et leur lot d’émissions, bruit lié au rassemblement d’habitants ou encore un risque d’inondation si le fossé de la rue n’est pas entretenu sont autant de points qui font douter les riverains de la viabilité du projet. Des lotissements sont également en train d’être bâtis de l’autre côté de la route dont les propriétaires, acheteurs avant l’apparition du projet de 70 logements dans le paysage, ont découvert l’horizon de leur future vue avec la pose du permis de construire. 

En octobre dernier, et à l'occasion d'un conseil municipal, le maire de Belin-Béliet Cyrille Declercq déclarait :  « Ce n’est pas moi qui fais les lois. [...] A partir de 2030, c’est zéro surface constructible. Donc on rasera toutes les maisons pour faire des immeubles partout, même en milieu rural. C’est ce que veut dire le terme « zéro artificialisation. » Ça veut dire que l’on fera comme à Arcachon, parce que c’est la loi. » Quant aux membres de l'association, ils espèrent "revenir à une réalisation plus modeste et avec des logements réellement adaptés" notamment pour les séniors " qui préfèreraient un logement de plein pied ou encore conserver la maison en place pour en faire une maison de services."