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Moyens, évacuation, communication : ce qu'il faut retenir du retour d'expérience des incendies

Par Louna Lavergne

Lors de l'incendie de Saint-Magne, dans la nuit du 9 au 10 aôut./Crédit photo Le Belinétois.
Lors de l'incendie de Saint-Magne, dans la nuit du 9 au 10 aôut./Crédit photo Le Belinétois.

Après les incendies de La Teste, Landiras, Saint-Magne puis Saumos qui ont touché la Gironde et les Landes durant l'été 2022, la Préfecture de Nouvelle-Aquitaine a publié un retour d'expérience. Entre évacuations préventives, moyens employées, et communication de crise, voici les enseignements tirés de ces terribles événements. 

"Cette crise a mis à l’épreuve nos moyens, nos organisations, nos méthodes de travail." C'est ainsi que Fabienne Buccio, préfète de Nouvelle-Aquitaine dépeint les incendies de l'été et la situation exceptionnelle dans laquelle ces derniers ont plongé les instances et les habitants. En Gironde comme dans les Landes, tous ont connu l'inédit et l'innommable par le feu de La Teste, celui de Landiras ou encore celui de Saint-Magne. A ce titre, la Préfecture de la Gironde a publié un retour d'expérience suite à ces événements avec trois objectifs distincts : prévenir, anticiper et se préparer mais aussi se donner les moyens d'agir.  

"Se préparer aux feux de demain"

 

Parce que ces feux ne sont pas les premiers et risquent de ne pas être les derniers, il est important de se préparer à l'avenir en se penchant sur l'aménagement des forêts notamment. A ce titre, l'une des propositions était " d'adapter le cadre juridique des zones d'appui et envisager leur pérennisation" ce qui peut se réaliser par l'entretien des forêts. Autre proposition, comprendre le risque de ces feux de forêts que ce soit chez les élus, les particuliers ou les professionnels.

 

Pour y répondre, l'organisation de la forêt s'impose avec le respect du débroussaillement sous peine de sanctions et l'insertion de limites de propagation des flammes dans l'organisations des parcelles concernent les propriétaires. Du côté des élus, inclure le risque incendies au sein des plans communaux de sauvegarde est sur la table. Enfin, la sensibilisation des particuliers au risque pourraient se faire en collaboration avec la DFCI, les collectivités, et les services de l'Etat. Pour se préparer aux feux de l'avenir, il est primordial de connaitre ces incendies grâce, notamment, à un bilan environnemental sur lequel se basera l'étude de l'évolution des massifs forestiers. 

 

Aussi, des incohérences ont été relevées durant l'été concernant le règlement interdépartemental de protection de la forêt contre les incendies (RIPFCI). C'est ce document même qui régit les restrictions d'accès à la forêt que certaines communes ont connu après les feux. Parmi les difficultés de compréhension relevées, les restrictions d'activités dans les massifs pas suffisamment décrites ou encore la non-déclaration de la vigilance noir au risque de feux de forêt alors même que le niveau d'alerte était au maximum.

Un dispositif de gestion de crise à renforcer

 

Pour le deuxième objectif, se préparer et anticiper, le Centre Opérationnel Départemental (COD) joue un rôle clé. Ainsi, continuer la formation de ses agents ou encore la conduite d'exercices de préparation s'inscrivent dans cette logique. Aussi, l'une des propositions pour se préparer est d'"améliorer la sécurité juridique des travaux d'urgence".

 

L'évacuation des populations s'inscrit également dans cette optique, avec le relogement des personnes évacuées. Pour ce faire, la délimitation nette des zones à évacuer et l'adaptation du cadre juridique pour les personnes refusant de quitter leur domicile pourraient faciliter le travail des policiers, gendarmes et CRS, présents pour prévenir la population. Après l'évacuation, ce sont les pompiers qui investissent les communes. Ainsi, pour simplifier leurs actions, il est bon de définir le cadre d'hébergement et de restauration par une "doctrine claire de l'administration centrale afin d'informer les élus dès le début de la crise et de préciser les modalités de prise en charge financière et logistique". 

Se donner les moyens d'agir pour l'avenir

 

Parmi les acteurs de ces feux, la DFCI a joué un rôle important par sa connaissance de la forêt et son matériel nécessaire. Dans ce cadre-ci, l'une des propositions pour répondre au troisième objectif de se donner les moyens d'agir, est d'équiper davantage la DFCI et de l'orienter vers un axe de professionnalisation. Aussi, durant l'été, de nombreux services ont collaboré entre eux. Cette collaboration doit être améliorée et pérenniser en tant de crise notamment par une intervention plus facile des armées, l'instauration d'un officier de liaison police/gendarmerie au poste de commandement pour une information régulière ou encore la simplification de l'appel aux renforts européens. 

 

Enfin, la dernière proposition du RETEX est de renforcer les moyens, spécialement lors de ce genre de feux d'ampleur exceptionnelle. Parmi les moyens évoqués, on retrouve, des engins de capacité 13 000L mais aussi des engins de surveillance aérienne. Acquérir de nouveaux moyens pour les différents services s'inscrit également dans cette logique de pouvoir agir à l'avenir. Par exemple, un PC mobile ou des véhicules tout-terrain seraient de vrais atouts pour la gendarmerie dans la lutte contre les flammes.