· 

Belin-Béliet : un projet privé de plus de 70 logements suscite de vifs échanges

Par Corentin Barsacq

Le projet immobilier sera situé au croisement de la route de la Houna et de l'allée des platanes, à Belin. /Photo CB
Le projet immobilier sera situé au croisement de la route de la Houna et de l'allée des platanes, à Belin. /Photo CB

Réunis en conseil municipal au soir du jeudi 6 octobre, les élus de Belin-Béliet ont notamment échangé autour d’un projet immobilier comptant plus de 70 logements au cœur du bourg de Belin. Le maire Cyrille Declercq a haussé le ton et martelé à plusieurs reprises que cela n’était pas du ressort de la municipalité. 

 

« Ce n’est pas moi qui fais les lois. » Le propos, répété à maintes reprises par le maire de Belin-Béliet Cyrille Declercq, a été entendu par l’opposition et le groupe « Dynamisons Belin-Béliet. » Qu’à cela ne tienne, la question de l’élu Rédouane Louaazizi à propos d’un projet immobilier privé situé au croisement de la route de la Houna et de l’allée des platanes, derrière l’ancienne Banque Courtois, a suscité une longue réaction du maire de la commune. L’élu d’opposition a donc questionné le maire sur la nature de ce projet, évoquant l’inquiétude de certains habitants à cet égard. « Que les gens soient inquiets, je peux l’entendre. Mais chacun est propriétaire de son bien foncier, et est libre d’en faire ce qu’il veut. Personne ne peut s’y opposer, que ce soit moi individuellement ou moi en tant que maire » introduisait l’édile. 

 

L’échange a d’abord été informatif. Cyrille Declercq revenait sur ce projet d’immeuble à deux étages, en lieu et place d’une demeure vendue par son propriétaire, et amenée à être démolie au profit du projet d’un promoteur immobilier. Ce dernier prévoit donc l’installation d’un immeuble d’une cinquantaine d’appartements ainsi que d’un autre bâtiment comprenant 15 logements. 

 

« C’est ce que veut dire "zéro artificialisation" » 

 

Le maire a ensuite annoncé qu’une rencontre avait eu lieu entre le promoteur immobilier et les riverains afin que le projet soit présenté : « Le promoteur est venu nous présenter son projet. Il n’était pas du tout ce qu’il est aujourd’hui. Nous l’avons fait décaler de plusieurs mètres afin de respecter la vie privée des riverains. »

Mais l’élu s’est ensuite lancé dans un monologue engagé, refusant d’endosser la responsabilité d’un projet comme celui-ci : « On ne peut pas s’opposer à la démolition de cette maison puisqu’elle n’était pas dans les maisons à protéger dans le Plan local d’urbanisme dont vous étiez porteur » répondait-il à une observation de l’élu d’opposition du groupe « Des traditions et un avenir en commun » Jérôme Gellibert, avant de répondre à l’élue Danielle Boyrie « Ce n’est pas moi qui fais les lois. Si vous suiviez la règlementation, vous sauriez qu’à partir de 2030, c’est zéro surface constructible. Donc on rasera toutes les maisons pour faire des immeubles partout, même en milieu rural. C’est ce que veut dire le terme « zéro artificialisation. » Ça veut dire que l’on fera comme à Arcachon, parce que c’est la loi. » 

 

Rédouane Louaazizi s’interrogeait ensuite sur le nombre de places de parking disponibles dans et en dehors du projet : « Plus d’une centaine » précisait Cyrille Declercq. « La place de Belin est blindé lorsqu’il y a des cérémonies à l’église. Je vous dis qu’il va y avoir un problème » enchérissait l’élu d’opposition.

 

« Je sais qu’on me fait porter le chapeau »

 

Le maire de Belin-Béliet, après avoir une nouvelle fois rappelé l’impuissance de la municipalité à l’égard d’un projet privé, répondait : « Évidemment qu’il va y avoir un problème. Mais je subis la loi autant que vous. Si les gens regardaient d’un peu plus près la réalité, et qu’on la colportait tel qu’elle est et non pas de la façon déformée comme certains peuvent faire, peut-être que tout le monde finirait par comprendre la réalité des choses et verrait où est le problème. Le problème n’est pas à la mairie de Belin Beliet, il est dans la loi. Que vous soyez en plein Paris ou en plein cœur de Belin, c’est la même loi » fustigeait l’édile en haussant le ton. 

 

Quant à de possibles recours de la municipalité, Cyrille Declercq balaie l’hypothèse d’un revers de main : « Je sais qu’on me fait porter le chapeau parce que des gens se mettent en quatre en disant que c’est moi qui autorise cela. Moi je n’autorise rien du tout. C’est la loi qui l’autorise. Et si je le refuse, c’est la Préfète qui l’autorisera. Si on va au tribunal, on sera débouté, on paiera les avocats à tout le monde et vous viendrez vous plaindre qu’on n’a pas fait notre boulot en engendrant des dépenses pour la commune alors qu’on connaissait le résultat par avance. Tous les PLU (Plan Local d’Urbanisme) et les SCOT (Schéma de Cohérence Territoriale) doivent s’inscrire là-dedans sinon on nous les refuse. On est là que pour appliquer la loi. »

 

En outre, Cyrille Declercq a pointé du doigt l’absence de l’élu « Dynamisons Belin-Béliet naturellement » lors d’une réunion du Sybarval qui s’était déroulée quelques mois auparavant, et au cours de laquelle le sujet de l’urbanisme avait déjà été évoqué.