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La Leyre en partie épargnée par les flammes mais victime de la sécheresse

Par Corentin Barsacq

Au passage du pont de Salles, les effets des températures élevées sont facilement perceptibles./Crédit photo Laurent Degrave.
Au passage du pont de Salles, les effets des températures élevées sont facilement perceptibles./Crédit photo Laurent Degrave.

Depuis maintenant plusieurs mois, le manque de pluie et les épisodes caniculaires affectent la Leyre et ses affluents. Le Parc naturel régional des Landes de Gascogne fait le point sur un mois de juillet particulièrement sec, et d'un mois d'août où le feu s'est dangereusement approché des berges du fleuve. 

Le constat n'échappe à personne dès lors que l'on observe la Leyre ou ses affluents. Alors même que les nappes souterraines étaient particulièrement basses à l'avant-saison, les températures élevées dans l'Hexagone et les différents épisodes caniculaires connus en Gironde ont eu des conséquences sur le fleuve côtier qui traverse le territoire. Ainsi, dans un article publié le mardi 9 août dernier, le Parc naturel régional des Landes de Gascogne annonçait qu'en 55 ans de mesure, le mois de juillet 2022 est la 5e valeur la plus basse enregistrée jusqu'à présent. 

 

On apprend notamment que le débit relevé au pont de Salles est aujourd'hui de 5,57m3/s. En guise de comparaison, les valeurs enregistrées en juillet 2020 et 2021 était doublement supérieures. Une situation qui découle également de l'absence de précipitations, empêchant aux nappes plio-quaternaires (vaste ensemble multi-couches et sablo-argileux) de se recharger. Or, ces nappes constituent en quelques sortes le réservoir du territoire aquitain, puisqu'elles sont utilisées par des forages dédiés à l'agriculture, ou encore pour la défense contre l'incendie, et l'arrosage collectif et individuel. 

 

Autre conséquence de la sécheresse, le réchauffement de l'eau: "L’eau fraîche du sous-sol est donc très rapidement réchauffée par les températures extérieures" précise le Parc. 

 

Un impact pour la flore aquatique

 

Conséquence directe de cette association de facteurs, la baisse de la quantité d'oxygène dans l'eau. Ainsi, la faune piscicole se retrouve en difficulté tandis que les espèces invasives, plus résistantes à la chaleur, prolifèrent et gagnent du terrain sur les espèces locales. Quant aux mois à venir, le Parc ne cache pas son inquiétude: "Les prévisions de Météo France pour août, septembre et octobre dévoilent un scénario assez inquiétant car très probablement sec et chaud. Les dysfonctionnements dont nous avons parlé ci-dessus risquent donc de s’aggraver". 

 

Pour rappel, l'aval de la Leyre est assujetti à une vigilance jaune concernant les restrictions d'eau, que détaille le PNR: "Pour la Leyre en aval, une vigilance jaune a été arrêtée interdisant 1 jour par semaine (le mardi) les prélèvements agricoles, et 3 jours par semaine (les lundis, mercredis et samedis) les prélèvements domestiques dans les cours d’eau. Concernant les cours d’eau côtiers affluents du Bassin d’Arcachon, ils sont soumis à un niveau de vigilance orange, interdisant les prélèvements agricoles 3,5 jours par semaine (les mercredis après-midi, les jeudis, vendredis et samedis) et tous les prélèvements domestiques 5 jours par semaine (autorisés uniquement le mardi et le dimanche)." 

 

Seul remède pour ne pas aggraver la situation, "un usage parcimonieux" de l'eau afin d'économiser les ressources. Aussi, la navigation en canoë - kayak est, de fait, plus complexe en amont du fleuve côtier. Il est fréquent de voir apparaître des troncs affleurant et des bancs de sables habituellement recouverts d'eau. 

 

Plus d'informations: Un mois de juillet trop sec et trop chaud

 

Qu'en est-il de l'incendie ? 

 

On savait que le feu s'était considérablement rapproché de la Leyre à certains endroits de son lit. Une visite sur le terrain menée par les agents du Parc Laurent Degrave et Angel Martinez a permis de dresser un premier bilan des dégâts causés par l'incendie. "La boule au ventre", le binôme s'est donc rendu à divers endroits du fleuve côtier. "Le front de feu d'environ 6 km est donc venu mourir tout près dans la vallée, parfois juste sur quelques herbes de molinie" (plante des sols humides) explique Laurent Degrave, qui, malgré des dégâts dans les forêts proches, l'assure: "La Leyre est toujours là, avec sa forêt galerie, si belle". La navigation sur l'ensemble du fleuve côtier est d'ailleurs de nouveau autorisée.