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À Moustey, une église peut en cacher une autre à quelques mètres

Par Corentin Barsacq

À gauche, l'église Saint-Martin, à droite, Notre-Dame de Moustey. /Photo Corentin Barsacq
À gauche, l'église Saint-Martin, à droite, Notre-Dame de Moustey. /Photo Corentin Barsacq

C’est une particularité que la population locale connaît bien. Mais pour les automobilistes de passage à Moustey, le décor est plutôt insolite. Depuis des siècles, deux églises se côtoient dans la commune.

 

Quelques mètres les séparent. À quelques encablures du Val de l’Eyre, et limitrophe de Belin-Béliet par le quartier de Biganon, ancienne commune des Landes rattachée à sa voisine landaise, Moustey présente un centre-bourg plutôt insolite. On ne vous parle pas ici de son radar-tourelle que les touristes apprécient tant, mais bien de ses deux églises installées à quelques mètres d’intervalle. 

 

Depuis de nombreux siècles, la commune abrite en effet deux églises à l’architecture typique des Landes de Gascogne. On pourrait même penser qu’elles sont jumelles, puisqu’elles ont été érigées à une époque presque semblable, mais leurs origines diffèrent. La première, l’église Saint-Martin, est située en arrière-plan du bourg, et laisse apparaître sa silhouette au-dessus d’un arbre qui semble la protéger. C’est ici que sont célébrés les offices de nos jours, tandis que l’église Notre-Dame de Moutey est désacralisée. 

 

L'une à côté de l'autre

 

S’il est bien complexe de trouver le fin mot de l’histoire concernant la présence de ces deux églises sur un même espace, des hypothèses ont toutefois été formulées. La première, ancrée dans la tradition, attribuaient la construction des deux lieux de culte à une rivalité entre deux seigneurs, l’un habitant au sud du village, l’autre au nord, Moustey étant à l’époque considéré comme une limite entre les deux baronnies. 

 

Plus pragmatique, la deuxième hypothèse voudrait que l’église Notre-Dame ait été construite quelques temps après sa grande sœur, à partir du XIIIe siècle, dans l’optique d’être une chapelle monastique attenante à un hôpital et une léproserie accueillant les pèlerins qui empruntaient la voie de Tours pour rallier Saint-Jacques de Compostelle. 

L'église Saint-Martin est désacralisée./Photo Corentin Barsacq
L'église Saint-Martin est désacralisée./Photo Corentin Barsacq

En arrivant dans la seigneurie, les marcheurs tombaient alors sur une borne jacquaire leur annonçant qu’il restait une distance de 1 000 kilomètres avant d’atteindre leur quête. La pierre est toujours présente devant Notre-Dame. 

 

Aussi, la présence d’une communauté monastique sur les terres landaises pourrait être à l’origine du nom donné à la commune. Moustey est une déclinaison de « moustier », un terme lui-même décliné du latin « monasterium. » Qu’à cela ne tienne, Notre-Dame de Moustey est aujourd’hui désacralisée. Inscrite aux monuments historiques, elle a été exploitée comme un musée dédié au patrimoine religieux et aux croyances populaires après la découverte de peintures murales dans les années 80. 

 

Une troisième église 

 

Construite à partir du XIIe siècle, l’église Saint-Martin a été bâtie, comme sa voisine, en garluche, une pierre dérivée de l’alios que l’on retrouve sur de nombreux édifices des Landes de Gascogne, comme l’église de Mons, du côté de Belin-Béliet. Plus grande que Notre-Dame, la construction adopte une forme de croix et est aujourd’hui l’église paroissiale. Dotée d’un clocher-mur, elle possède une nef à deux travées et deux bas-côtés. Sur l’un de ses murs, on discerne une porte murée qui était à l’époque réservée aux cagots, une population exclue du reste de la société, sous prétexte que la rumeur les désignait comme des descendants de lépreux. L’église est également inscrit aux monuments historiques. 

L'église paroissiale de Saint-Martin./Photo Corentin Barsacq
L'église paroissiale de Saint-Martin./Photo Corentin Barsacq

Enfin, Moustey possède une troisième église, cette fois-ci dans le quartier de Biganon. Elle aussi est inscrite aux monuments historiques, et sa construction a débuté au XIe siècle. L’édifice est constitué d’une nef unique, d’un transept ainsi que d’un chevet à trois absides et surplombe la fontaine guérisseuse de Sainte-Ruffine.