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Témoignages. À Guillos, leur maison a été détruite par l’incendie

Par Corentin Barsacq

Malgré la défense des sapeurs-pompiers, la maison des Videaud a été ravagée par les flammes. Photo C.V
Malgré la défense des sapeurs-pompiers, la maison des Videaud a été ravagée par les flammes. Photo C.V

Le 12 juillet dernier, alors que les flammes s’approchaient dangereusement de leur domicile, Corinne et Christophe Videaud ont dû évacuer leur village de Guillos. Si leur maison a été détruite, le couple salue avant tout le courage des sapeurs-pompiers, et l’élan de solidarité exceptionnel de la part des bénévoles et habitants. Rencontre. 

 

Depuis le mardi 12 juillet, date à laquelle Corinne et Christophe Videaud ont quitté leur domicile à la hâte, le couple sillonne les routes, à bord de leur camping-car. « Pas un jour ne se passe sans que l’on soit invité par des amis ou des connaissances » explique Christophe, agent de sécurité de profession. Corinne, elle, est professeur d’espagnol sur le Bassin d’Arcachon.

 

Au soir du mardi 12 juillet, alors qu’elle rentrait chez elle, l’habitante de Guillos a vu les premières flammes de ce qui deviendra plus tard un gigantesque brasier : « J’ai tout de suite vu le danger monter » explique Corinne. Si quelques jours auparavant, un premier incendie s’était déclaré, le couple a cette fois-ci pris la décision d’évacuer leur maison: « On avait conscience du risque. »

 

Marié en 1984, le couple s’était installé dans cette maison en plein cœur de la campagne sud-girondine en 1991. « Lorsqu’on est parti, on espérait la revoir. J’avais créé une sorte de bulle de protection mentale, en espérant qu’elle tienne » poursuit Corinne. À bord de leur camping-car, les Guillossais embarquent leurs deux chiens et filent en direction de Gradignan. Depuis, ils passent leur nuit au sein du camping Beausoleil. 

 

« Un ami nous a appelé pour nous dire que la maison avait brûlé » 

 

Durant tout ce temps où le petit village de Guillos s’est retrouvé face à un incontrôlable feu, l’espoir persistait. Quelques jours après avoir évacué, Christophe a pu bénéficier d’un laissez-passer afin de récupérer quelques affaires : « J’ai vu des biches assoiffées se diriger vers moi, et d’autres traverser la route en feu » se remémore difficilement cet amoureux de la nature. 

Finalement, le vendredi 15 juillet, le téléphone sonne. Un ami du couple se fait porteur de la nouvelle : « Il nous a dit que la maison avait brûlé » relate Corinne. 

Le paysage chaotique témoigne de la violence du brasier./Photo CV
Le paysage chaotique témoigne de la violence du brasier./Photo CV

Le couple n’a pu retourner sur les lieux qu’une fois le risque de reprise écarté. « On a tout perdu. Des photos, des documents administratifs mais aussi des bijoux, et beaucoup de souvenirs. » Les photographies témoignent de la violence du brasier. « Les tuiles ont éclaté. Il ne reste que 50m2 encore debout » précise Christophe. Des experts devront statuer sur le sort de cette partie relativement épargné par les flammes : « Il est possible que l’on soit obligé de tout raser si les murs sont trop fragilisés » regrette les deux habitants. 

 

« Les pompiers se sont battus comme des loups »  

 

Au travers de leur discours, et malgré le malheur qui les frappe, Corinne et Christophe Videaud livrent des paroles marquées par l’altruisme et la sincérité : « On voudrait remercier les pompiers qui se sont battus comme des loups pour défendre chaque maison. C’est grâce à eux si Guillos n’a pas été rayé de la carte » insiste Christophe. 

 

Ce dernier a également été très touché par toute la solidarité qui s’est organisée autour du couple, comme autour des soldats du feu : « On ne croirait pas, quand on voit la société aujourd’hui, que les gens peuvent être aussi gentils et volontaires pour nous aider. Le feu continue en nous. On se rend compte des choses petit à petit, mais cela fait du bien de voir cette entraide ».  

« C’est ce qui nous fait tenir » complète Corinne. Pourtant, le couple refuse de tomber dans le pathos et de faire pleurer dans les chaumières : « Nous sommes en vie, nous avons la chance d’avoir un camping-car, on rebondira » assure les deux sinistrés. 

Un bureau d'études devra définir s'il est nécessaire ou non de raser l'ensemble de la maison./Photo C.V
Un bureau d'études devra définir s'il est nécessaire ou non de raser l'ensemble de la maison./Photo C.V

D’ailleurs, le couple devrait emménager au sein d’une maison d’ici quelques jours, sur la commune de La Brède, notamment grâce au soutien de leur assurance, le temps de tout reconstruire à Guillos. Car c’est dans leur village que Corinne et Christophe veulent retourner : « Cela prendra le temps qu’il faudra, on demandera à nos enfants de redessiner la maison comme il le souhaite ». 

 

Au lendemain de l’incendie, un proche de la famille a créé une cagnotte en ligne. Le couple, il est vrai gêné, assure qu’il fera bon usage de la somme : « Nous donnerons en grande partie à l’Œuvre des Pupilles mais aussi à la Ligue pour la protection des oiseaux. » Si les conditions le permettent, Corinne et Christophe veulent remercier comme il se doit les sapeurs-pompiers mobilisés dans les flammes : « On organisera un grand banquet à Guillos, avec les amis de notre fils qui est lui-même pompier et on rincera chaque pompier comme il faut » martèle Christophe, bien décidé à donner du plaisir à celles et ceux qui ont contribué à fixer les flammes. 

 

Les deux Guillossais prennent cet évènement comme le signe d’un nouveau départ, temporairement éloigné de Guillos, pour sans doute mieux y revenir. À 58 et 59 ans, Corinne et Christophe espèrent rebâtir leur maison d’ici deux ans. Mais la gravité de l’incendie les marquera à jamais : « Il faut que l’on retienne la leçon, à tous les niveaux. »