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En juillet 1945, un incendie ravageait plus de 10 000 hectares de pins dans le Val de l’Eyre

Par Corentin Barsacq

Photo d'illustration du feu de Cestas, 1949./DR
Photo d'illustration du feu de Cestas, 1949./DR

De 1945 jusqu'à nos jours, de nombreux incendies ont ravagé les Landes de Gascogne, comme aujourd'hui dans les forêts de Landiras et La Teste. Particulièrement exposé aux risques, le Val de l’Eyre et la Haute-Lande furent décimés à l’après-guerre.

 

Juillet 1945. La guerre touche à sa fin, la vie reprend son cours en France, mais les forestiers du Sud-Ouest doivent redoubler d’efforts pour refaire une santé aux Landes de Gascogne. En cause, la pénurie d’essence durant l’Occupation a lourdement impacté l’entretien des forêts. Les ouvriers retournent donc dans leur environnement de travail avec de nouvelles techniques. L’une d’elle fait débat : le tracteur à gazogène. Inventé au XIXe siècle, le gazogène est un appareil qui produit un gaz combustible et permet d’alimenter des moteurs à explosion classiques ou encore des chaudières. 

 

1945, l’autre « grand incendie »

 

Le 21 juillet 1945, à Salles, un forestier usait de cet engin afin de nettoyer une parcelle de pins. Une étincelle vint alors enflammer la broussaille et rapidement, un déferlement de flamme se propageait dans les pinèdes sallois puis dans le Val de l’Eyre. Un gigantesque front de feu s’étendit rapidement d’Est en Ouest avant d’atteindre Lugos et Belin. Le tocsin retentit dans les trois communes et la population part dans un incontrôlable brasier.

 

À l’époque, les moyens de lutte sont dérisoires. Face à l’ampleur de l’incendie, les pompiers décident d’allumer un contre-feu afin d’éteindre le foyer principal mais la manœuvre s’avère inefficace. Pire, elle venait d’entraîner un second brasier attisé par d’impitoyables bourrasques de vent. Dans la Haute-Lande, les communes d’Ychoux, Liposthey et Saugnac-et-Muret sont également en alerte. Plusieurs feux se rejoignent sur les terres des Landes-Girondines. Les pompiers de Bordeaux sont appelés en renforts. 

 

Deux pompiers de Belin perdront la vie

 

Au cours de la lutte, plusieurs camions sont brûlés, huit maisons sont réduites en cendre, les flammes laissent derrière elles du bétail calciné. Plus grave encore, deux civils de Belin, qui avaient rejoint la lutte, périront dans les flammes. Au total, 4500 hectares seront brulés à Salles tandis que Lugos sera amputé de 3842 hectares pour un bilan total de 10 700 hectares réduit à néant. Pour Lugos, les conséquences de ce dramatique incendie seront désastreuses. Pour cause, le village venait de perdre 94% de sa surface boisée.

 

Pour les travailleurs de la forêt, le préjudice est tel qu’ils décident de quitter la bourgade en direction des villes. En 1950, Lugos perd plus de 100 habitants. À Belin, les conséquences sont désastreuses pour l’économie locale : 70% de la forêt a disparu. Après dix longues années, les parcelles seront replantées mais les stigmates de ce gigantesque brasier mettront du temps à disparaitre d’une vallée de l’Eyre meurtri par les flammes. Au total, 10 700 hectares seront brûlés : 4 500 hectares sur la commune de Salles, 3842 sur Lugos et le reste du coté de Mons à Belin.

 

Longtemps, ce feu restera dans les mémoires des habitants du Val de l'Eyre, avec la crainte qu'un évènement tout aussi dramatique se répète dans les années à venir. Mais en 1949, à Cestas, se déclenchera le feu du siècle, causant la mort de 82 personnes et ravageant plus de 50 000 hectares de forêt...