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Val de l'Eyre : le château de Salles sera acheté par la ville, ce que prévoit son projet de réhabilitation

Par Corentin Barsacq

Le château devrait notamment accueillir la médiathèque et la ludothèque de Salles./Crédit photo Le Belinétois
Le château devrait notamment accueillir la médiathèque et la ludothèque de Salles./Crédit photo Le Belinétois

Dans un état de délabrement avancé, le château de Salles va connaître une nouvelle vie. La propriété emblématique va être achetée par la ville qui veut y mener un important chantier de réhabilitation. 

 

Il est un symbole du Val de l’Eyre, un témoin des siècles écoulés qui n’a malheureusement pas pu passer à travers l’usure et les ravages du temps. Bâti entre 1657 et 1659, le château de Salles est connu de tous les habitants de la commune pour son architecture singulière, protégée par un écrin de verdure en bord de l’Eyre. Un paysage bucolique en apparence, hélas dévasté en son intérieur, victime de l’abandon et de multiples vandalismes. Mais 2022 devrait changer la donne. 

 

Dans un entretien accordé à La Dépêche du Bassin et au Belinétois, le maire de Salles, Bruno Bureau, a accepté de nous en dire plus sur l’avenir du château, en passe d’être acheté par la commune. Un projet final qui vient ainsi conclure de longues années de réflexion, déjà initiées sous l’ancienne mandature. 

 

Médiathèque et ludothèque y logeront

 

Depuis quelques années, le château était donc en vente. Vinci Immobilier s’était positionné sur cette propriété privée mais la municipalité avait souhaité pouvoir préserver une partie du château afin d’y loger la médiathèque et la ludothèque. « Vinci a ensuite établi d’autres plans en prenant en compte nos souhaits mais cela nécessitait trop de droits à construire » explique Bruno Bureau, ne pouvant ainsi pas garantir la possibilité d’un tel projet avec le plan local d’urbanisme. 

 

C’est donc l’équipe majoritaire du conseil municipal qui a tranché : « À l’unanimité, ils ont voté pour l’achat du château » relate l’élu. Une opération à hauteur de 450 000 € qui comprend l’ensemble des bâtiments ainsi que les terrains jusqu’au bord de l’Eyre. L’achat sera approuvé lors du prochain conseil municipal, tandis que Bruno Bureau espère la signature de l’acte final d’ici le mois d’avril 2022. 

 

Un chantier innovant avec la population 

 

 

Face à l’ampleur de la réhabilitation, Bruno Bureau proposera au conseil municipal d’engager une première somme de 150 000 € afin de s’atteler aux extérieurs de l’édifice. Un budget échelonné sur la mandature verra ensuite le jour. Mais l’élu compte également sur la mobilisation de la population : « Nous souhaitons que ce projet soit participatif, avec dans un premier temps des travaux visant à nettoyer les extérieurs et le jardin puis installer une structure de protection. Ensuite, on pourrait mettre en place une campagne de crowdfunding ou d’autres outils innovants. » 

 

L’innovation, la commune veut justement s’en servir à bon escient, tout en préservant l’âme du château, à commencer par les écuries. Elles pourraient, en effet, accueillir des chevaux de traits, afin de garantir un entretien du site respectueux de l’environnement. 

 

En outre, un logement de fonction pourrait y être installé, tandis que l’actuelle métairie est encore assujettie à une réflexion. Deux options sont envisagées : la création d’une résidence autonomie sociale ou bien des logements sociaux à destination des jeunes. Pour l’heure, le bâtiment emblématique pourrait accueillir, d’ici quelques années, le service culturel, la ludothèque et la médiathèque. 

Un symbole de l’histoire de Salles

La demeure construite entre 1657 et 1659 s’est inscrite dans l’histoire du Val de l’Eyre. De la famille de Pontac aux Pichard en passant par les seigneurs de Montferrand sous le règne de Louis XV, le château de Salles a accueilli bon nombre de dynasties historiques du territoire avec leurs lots d’événements.

À l’image de la seigneurerie salloise au XVIII ème siècle avec la révolution des paysans. Lorsque l’augmentation des taxes commençait à devenir importante, la paysannerie fit savoir son mécontentement par une missive transmise au représentant de la seigneurie, Jean Clerc. Absent de son centre d’activité bordelais face à la révolte paysanne, le seigneur de Salles, Nicolas Pichard est considéré comme émigré ainsi que sa femme, alors même que leur fille et leur gendre ont, eux, bien pris la poudre d’escampette.

Toute la famille est arrêtée et emprisonnée en 1793 malgré leurs contestations, suivie rapidement par l’arrestation de Monsieur Clerc, leur régisseur. Tous écopent de la même condamnation : la guillotine. Après cette macabre histoire, le château est revenu aux mains de Raoul Brun, puis d’un avocat de Paris, Maître Choqué. Celui-ci sera victime avec son épouse d’un accident de voiture, laissant la fille du couple seule héritière de la demeure avant que d’autres propriétaires ne prennent la suite jusqu’à aujourd’hui.