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Les lacs d’Hostens, de la centrale électrique à la base de loisirs

Par Louna Lavergne

Difficile d'y croire et pourtant, la base de loisirs avait un tout autre aspect il y a bien des années./Crédit photo Ville d'Hostens - Département de la Gironde.
Difficile d'y croire et pourtant, la base de loisirs avait un tout autre aspect il y a bien des années./Crédit photo Ville d'Hostens - Département de la Gironde.

Avant d’être occupé par les touristes durant les beaux jours, le lac d’Hostens abritait un site d’extraction de lignite. Retour sur la métamorphose du domaine, de la roche au sable blanc.

 

Lieu privilégié par les habitants du Val de l’Eyre et du Sud-Gironde pour l’été par sa proximité, le domaine des lacs d’Hostens possède un passé plus riche que son sable ne le laisse paraître. Aujourd’hui réputé pour sa base de loisirs pour petits et grands et ses paisibles plages au bord des pins, ces étendues d’eau accueillaient autrefois du matériel d’extraction de lignite. L’association Histoire et Traditions du Bassin d’Arcachon a ainsi pu retracer cette époque révolue. 

 

En 1930,  l’exploitation commence

 

A l’aube des années 1930, la Société Minière et Electrique des Landes (MINELA) fusionne avec la société des lignites et privilégie alors le site d’Hostens et la profondeur de ses couches de roche. Les gisements du Bousquey et Lamothe offrent la possibilité d’exploiter le terrain à ciel ouvert et une centrale électrique est rapidement installée et reliée à la future métropole bordelaise. Entre la tourbe et la houille, le lignite était fortement utilisé à l’époque, notamment pour l’électricité ou encore la production de chaleur ou de goudrons primaires. 

 

En 1932, l’exploitation du domaine débute après l’installation d’un pont extracteur métallique. Grâce à son bras amovible, seuls sept ouvriers sont nécessaires pour faire fonctionner cette immense machinerie. Avant de procéder à l’extraction du minerai, les travailleurs procèdent d’abord à l’enlèvement des morts-terrains, couches qui recouvrent la tant convoitée roche, en les mettant de côté grâce à un tapis roulant. Un second servira, lui, à acheminer le lignite une fois extrait dans les wagons menant tout droit vers la centrale électrique.

 

Le site n'a cessé de se développer au rythme du gisement./Crédit photo Ville d'Hostens
Le site n'a cessé de se développer au rythme du gisement./Crédit photo Ville d'Hostens

Positionné sur des rails de chaque côté de la zone déterminée, le pont avançait une fois ses 80 mètres de capacité exploités. Quant à la centrale électrique, elle était chargée de créer le combustible créé à partir du lignite, alimentant ainsi les foyers prévus. 

 

L’après-guerre fatal au domaine

 

Alors que la centrale et les équipements d’extraction continuent de profiter des richesses de la commune, l’après-guerre vient bousculer les plans des travailleurs. Après être passée sous pavillon allemand durant l’Occupation, puis récupérée aux mains de l’occupant par une importante action du maquis d’Hostens-Lugo, la centrale électrique va bénéficier d’un rebond colossal. 

 

Du matériel américain commence à s’implanter sur le territoire français sous l’impulsion du plan Marshall et la nationalisation du site d’Hostens est décidée. La production de lignite se doit d’augmenter fortement suite à la forte demande en énergie et électricité.Le gisement est surexploité, allant jusqu’à produire 2% des besoins du pays en 1950. 

Trois immenses réfrigérateurs surplombaient l'usine./Crédit photo Ville d'Hostens
Trois immenses réfrigérateurs surplombaient l'usine./Crédit photo Ville d'Hostens

Mais cette augmentation du rythme d’extraction finit par causer l’épuisement du gisement. Les ressources en lignite commencent à se faire rare sur le site, au point de mener à sa fermeture définitive en 1966. Faute d’emploi, la commune d’Hostens voit sa population chuter d’environ 40%, les ouvriers redirigés vers le domaine de Morcenx, laissant derrière eux moult logements inoccupés aux abords des lacs.

 

Du charbon au sable

 

Ce mini-village devenu fantôme, le site est racheté par le Conseil Général et le préfet de la région propose de réhabiliter le domaine en lieu de vacances. Des travaux sont alors entrepris pour transformer le paysage dans les dernières années de la décennie 1960. Sable blanc, plantations d’arbre, tables de pic-nic, centre équestre, rénovation des habitations laissées vacantes…

 

Les lacs prennent un air de quiétude et accueillent leurs premiers visiteurs en 1976. Le Lac de Lamothe ouvre sa plage aux baigneurs, quand son homologue du Bousquey se dédie plutôt aux pêcheurs. La fréquentation devient de plus en plus forte chaque été à la base de loisirs, si bien que de nouveaux aménagements touristiques voient le jour au fil des années avec des sentiers de randonnée ou d’autres dédiés purement aux VTT venus affronter les buttes bordant les eaux.

Le lac offre un somptueux coucher de soleil depuis le sable./Crédit photo Le Belinétois.
Le lac offre un somptueux coucher de soleil depuis le sable./Crédit photo Le Belinétois.

Pour les moins casse-cous du vélo, la piste cyclable reliant Mios à Bazas s’implante également sur le domaine d’Hostens, offrant aux sportifs un arrêt baignade par temps de forte chaleur. La nature reprend, elle aussi, la main sur le domaine. La faune et la flore se multiplient et habitent de nouveau les lieux. Anciennement un site industriel, les lacs d’Hostens sont aujourd’hui consacrés au repos de ses visiteurs, devenu désormais un Espace Naturel Sensible pour en préserver toutes ses richesses écologiques et paysagères. 


Pour aller plus loin, Le Belinétois vous conseille le travail d'HTBA qui fut une source pour l'élaboration de cet article: Le gisement de lignite et la centrale électrique d'Hostens