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Jean-Luc Pérénom, le Belinétois qui veut relancer la production des vélos Cazenave

Par Corentin Barsacq

L'enseigne mythique arbore un nouveau design./Photo Corentin Barsacq
L'enseigne mythique arbore un nouveau design./Photo Corentin Barsacq

Dans le quartier de Boutox à Belin-Béliet, Jean-Luc Pérénom va relever un pari fou. Celui de ressusciter une marque ancrée à jamais dans le patrimoine du Val de l’Eyre. Pour l’heure, il se spécialise dans la réparation et l’entretien des vélos. 

 

Elle était nommée « la reine des bicyclettes » avec un certain chauvinisme inhérent à son territoire. Une fierté pour le village de Belin, et pour ses générations d’ouvriers qui contribuaient, d’une certaine façon, à exporter le savoir-faire de la cité d’Aliénor jusque dans les salons de la capitale. Connue de tous les anciens, la marque de cycles Cazenave aura été pendant trois quarts de siècle un poids-lourd de l’économie locale et régionale avant sa fermeture définitive en 1975.

 

Mais alors que la marque mythique de cycles errait dans les bas-fonds du droit public, un Belinétois a fait le choix de la ressusciter. Passionné de cyclisme, Jean-Luc Pérénom ne connaissait rien de cette industrie avant d’arriver à Belin-Béliet en 2015. Aux côtés de son épouse Agnès, Jean-Luc profite de l’air de la campagne pour revenir à son premier amour, le vélo. Originaire de Bourgogne, le couple fait ses gammes au sein du club de triathlon du Val de l’Eyre et découvre ainsi l’histoire de l’usine de cycles.  

 

En quête d’une nouvelle jeunesse… 

 

À la recherche d’un nouveau souffle à travers son quotidien rythmé par les exigences de l’horlogerie de luxe, Jean-Luc se met en tête de confectionner son propre vélo : « Je me suis mis en tête d’acheter un vélo de compétition. Mais lorsque j’ai vu les prix, j’ai préféré l’assembler moi-même » explique le belinétois. Alors il confectionne un premier prototype dont l’allure n’a rien à envier aux autres cycles présents sur le marché. « Après avoir terminé l’assemblage du vélo, je souhaitais y ajouter une marque » explique le quadra débrouillard et obstiné. 

Car au fil de l’avancée du projet, le besoin d’air s’est transformé en un nouveau souffle vers l’envie de vivre de cette passion originelle. Souhaitant pleinement s’investir dans la réparation et l’entretien de vélo mais aussi la production, Jean-Luc Pérénom rachète la marque « Cazenave » pour une somme dérisoire :

 

« Elle était sur le marché depuis la fermeture des usines en 1975. » Seul détenteur des droits, il entreprend alors une remise à neuf de l’enseigne, optant pour un design plus épuré. Calme, méthodique et conscient devant l’ampleur de la tâche qui l’attend, le belinétois se cantonne pour l’heure à l’entretien et à la réparation de vélos toutes marques, sur des modèles anciens ou récents.

« Les lettres C et Z sont imbriquées et forment un cadre de vélo. J’ai ensuite voulu ajouter les couleurs du drapeau français car j’espère pouvoir produire sur le territoire. »
« Les lettres C et Z sont imbriquées et forment un cadre de vélo. J’ai ensuite voulu ajouter les couleurs du drapeau français car j’espère pouvoir produire sur le territoire. »

Si la nouvelle concernant la résurrection de Cazenave s’est répandue comme une trainée de poudre dans le village, l’homme préfère prendre son temps et s’assurer d’une trésorerie solide avant de se lancer sur le marché : « La réparation et l’entretien des vélos répond à un vrai besoin local tout en me permettant de peaufiner les projets futurs. » 

 

Mais malgré sa patience, le réparateur sait déjà à quoi ressemblera sa future production : « Une entrée de gamme avec un vélo familial et classique, ainsi que deux autres qui s’adresseront à des sportifs pour du loisir mais aussi de la compétition. » Et alors que le marché du vélo électrique connait un considérable essor en France, Jean-Luc n’exclut pas de créer une gamme à part. « Un ancien modèle Cazenave à assistance électrique, ce serait unique non ? » L’interrogation est permise tant le projet s’annonce ambitieux et à la hauteur de l’héritage laissé par Louis et Franck Cazenave. 

Les cycles Cazenave, un empire industriel fondé à Belin

 

Créée en 1901 par l’industriel Louis Cazenave, les usines de cycles ont offert un rayonnement national au village de Belin. Au départ de cette épopée majeure, un atelier de réparation de cycles implanté rue Sainte-Quitterie, en plein bourg de Belin. Entre les murs de cette modeste boutique, Louis Cazenave a connu une ascension fulgurante. Utilisés par les facteurs de la région, ces vélos ont pu être largement exposés à travers la région avant de séduire le marché national. Les usines abriteront également une scierie ainsi qu’une fonderie construite au début de la première guerre mondiale, permettant la production d’obus à destination de l’armée française. 

Sous la direction de Guy et Franck Cazenave, les enfants de Louis, les cycles continueront d’être le fleuron du savoir-faire de l’Eyre jusqu’en 1975 et la fermeture brutale des établissements. Employant jusqu’à 800 employés au plus fort de son histoire, Cazenave a notamment vu la création d’une cité ouvrière d’au moins 130 maisons mais aussi une salle de cinéma et une vaste cantine.

 

Cycles Cazenave 

Réparations et entretien de vélos 

Rachat et ventes d’occasion

06 81 15 36 23

65 route de boutox 

33830 Belin-Beliet 

Email: cyclescazenave@gmail.com