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À 90 ans, Jean-Claude Lalande ne perd pas les pédales

Par Corentin Barsacq

Figure du quartier du Lanot à Salles et passionné de cyclisme, Jean-Claude Lalande vient d’avoir 90 ans. Il raconte quelques moments exceptionnels de sa vie. 

 

Au Lanot, Jean-Claude Lalande est dans son environnement favori. Dans un calme absolu, champêtre et proche de sa famille. Entouré de son fils Bernard et de son petit-fils Benjamin, réunis dans la maison familiale, il se remémore une enfance simple, entre les murs de l’école du quartier avant de découvrir les joies de l’adolescence : « On sortait dans les bals à Béliet, à Haureuils au Barp ou bien au cinéma de Salles. Ma mère cultivait les champs, mon père était facteur. » Très tôt passionné par les deux-roues, il aura fait de son vélo un infatigable compagnon de route.  Après deux ans de régiment en Algérie avant que le conflit n’éclate, il rejoint les usines Cazenave de Belin à la production de cycles : « Monter des vélos, je ne savais faire que ça » résume très modestement le Sallois. 

 

Volontaire au grand incendie de 1949 

 

Il omet de souligner qu’il pouvait aussi défendre des maisons menacées par les flammes. Tout juste âgé de 18 ans en 1949, il avait répondu à l’appel du cor de chasse pour défendre la ville du Barp : « La mairie faisait le tour dans les maisons pour savoir s’il y avait des volontaires. Mon père était facteur, donc il ne pouvait pas y aller. Alors ma mère m’a dit d’y aller à sa place. » » Le jeune adulte de l’époque ne connait pas bien les pins et part donc avec quelques anciens en direction du Barp. Mais avant même son départ, le feu avait sauté à la piste d’Argilas.

En 1949 et face à un incontrôlable brasier, Jean-Claude se portrait volontaires pour défendre les portes du Val de l'Eyre.
En 1949 et face à un incontrôlable brasier, Jean-Claude se portrait volontaires pour défendre les portes du Val de l'Eyre.

À travers une forêt dense et encore méconnue, Jean-Claude a pour rôle de défendre la Ferme de Marille au Barp : « On entendait les anciens crier « Sauve-qui-peut ! Ça reste en mémoire. » Quelques années plus tard, il sera approché pour intégrer les premières DFCI du Val de l’Eyre. Une fonction assurée en marge de sa vie de famille partagée avec Raymonde Morin qui exerçait à l’époque en tant que bourrelière. Infatigable, énergique et toujours vif, le retraité se souvient ne pas avoir pu rester au chômage à la fermeture des usines Cazenave : « Je ne pouvais pas rester sans rien faire. Je suis allé débiter de la ferraille à Delobel jusqu’à ma retraite. » 

Les manettes et le dérailleur de « l’aigle de Tolède »

Il y a encore quelques années, Jean-Claude sillonnait les routes de la région. Le vélo, un exutoire hebdomadaire essentiel pour sa santé. À l’époque où il travaillait à Cazenave, l’entreprise produisait les vélos Paloma qui étaient engagés sur le tour de France : « J’ai pu parler avec le cycliste champion du monde André Darrigade et récupérer le dérailleur et les freins de Frédérico Bahamontes, vainqueur du tour de France 1959.  J’adorais monter des vélos, c’était ma passion. J’allais à Facture et on partait à travers la Région, c’était magnifique. Les gendarmes des Landes nous connaissaient et nous traitaient de fainéant en patois si jamais on abandonnait. » 

L'équie Margnat-Paloma sur le Tour de France 1964.
L'équie Margnat-Paloma sur le Tour de France 1964.

D’impérissables souvenirs toujours ancrés en cette figure du Lanot. Amoureux de sa forêt, prêt à s’y engouffrer dès lors que les flammes ravagent les pinèdes des Landes de Gascogne, Jean-Claude jouit désormais d’une paisible retraite, entourés des siens. Ces derniers devraient d’ailleurs veiller à ce que le vélo reste ranger dans le garage, tant l’énergie de l’aîné pourrait bien le pousser à se remettre en selle.