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Quand le village était décimé par une violente épidémie

Par Corentin Barsacq

Photo d'illustration./Gravure de Georges Chicotot. Coll. de la BIU Santé
Photo d'illustration./Gravure de Georges Chicotot. Coll. de la BIU Santé

À la fin du XIXe siècle, le territoire connaissait une épidémie particulièrement violente à l’égard des plus jeunes. 

 

Onze enfants morts en l’espace de quelques semaines. Entre décembre 1875 et février 1876, Belin et Béliet comptaient leurs enfants emportés par le croup, une maladie respiratoire et à l’époque foudroyante. Une période sombre de l’histoire racontée par les textes de l’Abbé Gaillard que la Société historique et archéologique d’Arcachon avait publié dans son bulletin n°65. On apprend ainsi qu’après ces mois dramatiques, l’épidémie avait repris de plus belle dans les quartiers de Camontès, où une fratrie sera décimée. 

 

« Du 10 Décembre 1875 au 27 février 1876, onze enfants de la paroisse moururent, soit du croup, soit de maladies connexes, puis au commencement de mai, au moment où l'on croyait le fléau terminé, il reprit avec une grande violence dans le quartier de Camontes. A huit jours d'intervalle environ, il emporta deux enfants dans la même maison, Marie et Luc Carriconde, âgés la première de douze ans, le second de dix-huit »

 

À cette époque, l’abbé Gras venait d’être nommé curé de Belin et fit le serment de chanter tous les ans à l’honneur de Saint-Blaise, le 3 février. Et c’est à cette date que la légende raconte que l’épidémie disparaissait subitement… Du moins pour quelques mois. À deux reprises l’épidémie reprendra du galon. L'Abbé Gaillard raconte: 

 

«  En 1894, le soir de la Présentation, un enfant fut pris par le croup. Malgré les soins les plus empressés, il ne tarda pas à mourir. Quelques jours après, son petit frère âgé de deux ans succomba aux atteintes de la même maladie. On avait emporté à Lugos le troisième enfant de la maison, qui allait avoir cinq ans, mais il fut frappé à son tour. M. Blanc, curé de Belin, agit comme ses prédécesseurs ; il ordonna une neuvaine et promit au nom de ses paroissiens de placer dans une église une belle statue de Saint Blaise.

 

 Or, une fois de plus, on vit se manifester la grande puissance du saint, dès l'instant où l'on commença les prières, une amélioration se produisit dans l'état du malade, puis le mieux alla chaque jour en progressant jusqu'à la guérison complète, qui coïncide avec la fin de la neuvaine. Le petit garçon ainsi revenu à la santé et ses deux frères étaient les fils de M. Germain Delage, maître maçon et propriétaire Aux Sables. »

 

Une chapelle érigée à Joué en souvenir de ces années sombre

 

Saint Blaise devint alors le saint patron des quartiers de Joué, le Meynieu, Boutox et Cal.En 1900, la fête de la Saint-Blaise rassemblera 300 personnes.  En 1947, il est décidé de symboliser physiquement la dévotion « jouétoise » à Saint-Blaise. Alors que l’abbé Sabail est curé de Belin, les habitants de Joué, le Meynieu, Boutox et Cal émettent le projet de construire une chapelle à Joué.

Deux habitants du quartier, Germain et Germaine Ducourneau décident de céder leur terrain où est installé le courtil à mouton. L’emplacement est décidé, une souscription est organisée auprès des habitants. Certains donnent des pins, d’autres des tuiles. La solidarité est belle et l’histoire est d’autant plus belle lorsque l’on sait que c’est l’abbé Sabail lui-même, qui construisit toute la charpente y compris le clocher du modeste édifice.