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Le ton monte entre le maire Cyrille Declercq et l’élu Rédouane Louaazizi

Par Corentin Barsacq

Réunis vendredi soir dans la salle des fêtes de Béliet, les élus belinétois ont assisté à un vif échange entre le maire Cyrille Declercq et son opposant Rédouane Louaazizi. 

« Vous avez beaucoup d’affirmations sans savoir pour autant les choses. »  Cette phrase, qui émane de l’édile Cyrille Declercq en direction de l’élu d’opposition Rédouane Louaazizi, a lancé les hostilités alors même qu’un calme plat régnait sur cette séance de conseil municipal.

 

Une séance bien trop calme d’ailleurs, au regard d’un conseil qui portait sur un débat concernant le projet photovoltaïque de Lichère et où seul l’élu d’opposition Alain de Sigoyer aura exprimé son avis au nom de son groupe « Dynamisons Belin-Béliet Naturellement. » Alors que le maire Cyrille Declercq invitait le conseil à émettre un avis dans le cadre de l’enquête publique, l’élu s’est levé pour donner sa vision d’un projet à un auditoire muet. 


Un projet « à contre-sens avec tous nos objectifs » 


Le conseiller d’opposition a notamment relevé que l’hypothétique centrale photovoltaïque serait bordée par deux cours d’eau et que ces derniers ne seraient plus absorbés et ralentis si le terrain était défriché pour y accueillir l’infrastructure. : « Cela aggravera les inondations de la Leyre » prévient l’élu avant d’ajouter que les zones boisés « sont des habitats de vie et de reproduction particulièrement riches et que ce projet détruirait d’un même coup l’ensemble de ces habitats ainsi que la continuité écologique pour de nombreuses espèces sensibles. »

 

Un condensé d’arguments auquel la majorité municipale s’accordera pleinement, indiquant elle aussi ne pas être favorable au parc photovoltaïque de La Lichère par la voix de Cyrille Declercq. À la majorité, le groupe « Des traditions et un avenir en commun » s’étant abstenu,  le conseil a donc émis un avis défavorable à ce projet. La soirée aurait donc dû en rester là puisqu’un prochain conseil plus conséquent était prévu ce jeudi. D’autant qu’aucune question n’avait été formulée à l’ordre du jour par l’opposition, cette dernière préférant les reporter au prochain conseil. Mais le conseiller du groupe « Dynamisons Belin-Béliet naturellement » Rédouane Louaazizi n’a pas pu attendre, souhaitant revenir sur le projet d’une nouvelle gendarmerie à Belin-Béliet. « L’autre jour, on m’a taxé de ne pas être démocrate. Mais la démocratie, c’est le respect des règles » lui répond Cyrille Declercq, indiquant qu’en théorie, il n’a pas à répondre à la question étant donné qu’elle n’a pas été transmise à temps.


« Vous avez beaucoup d’affirmations sans savoir pour autant les choses » 


Le ton étant donné, Rédouane Louaazizi obtient tout de même le droit de poser sa question. Dans son propos, l’élu d’opposition regrettait un lieu d’implantation éloigné d’un axe routier principal ainsi qu’un bâtiment trop petit au regard des effectifs de l’actuel gendarmerie (ndlr : 16 gendarmes forment la brigade de Belin-Béliet mais 14 logements sont prévus dans le premier projet de gendarmerie.)

 

Et c’est alors que les deux élus changent de ton. La cordialité affichée entre les deux hommes quelques minutes auparavant laisse place à des offensives. Cyrille Declercq répond longuement : « La gendarmerie ne souhaite plus se trouver sur un axe routier majeur. Croyez-vous que l’on puisse implanter une gendarmerie comme nous le voulons et définir le format d’une gendarmerie comme nous le souhaitons ? Évidemment que non, c’est eux qui décident de tout. » 


« Vous touchez à ma famille »


La suite de cet échange musclé se poursuit lorsque Rédouane Louaazizi aborde la cérémonie du 11 novembre. Au lendemain de l’hommage, l’élu d’opposition avait critiqué ouvertement le maire sur les réseaux sociaux de la ville : « Pour la prochaine cérémonie, veuillez positionner le porte-drapeau au pied de la gerbe et ne tournez jamais le dos à la flamme » avait alors commenté l’ancien militaire. Et ce vendredi soir, il n’avait pas l’intention de laisser passer ce prétendu faux-pas.

🇫🇷Sur le parvis de la mairie et devant le monument aux morts, s’est tenue la cérémonie de commémoration du 11 novembre...

Publiée par Ville de Belin-Béliet sur Vendredi 13 novembre 2020

Une remarque qui ne passera pas pour le maire : « Lorsque j’ai regardé le Président de la République, sous l’arc de triomphe, aller saluer les anciens présidents, je me suis dit à la lecture de votre commentaire : « Finalement, le Président tourne lui aussi le dos à la flamme. » Rédouane Louaazizi l’interrompt : « Monsieur le maire, cela fait 21 ans que je participe et j’assiste à des cérémonies militaires. La moindre des choses aurait été de mettre l'écharpe républicaine. » « Est-ce que vous trouvez ça normal que des enfants jouent sur le monument aux morts alors qu’on est en train de commémorer ? » interroge sèchement Cyrille Declercq. « Ce sont des enfants. Vous touchez à ma famille » s’agace à son tour Rédouane Louaazizi. Le dernier mot reviendra à l’édile : « Quand on dit qu’on ne respecte pas les morts, il faut accepter qu’on aille jusqu’au bout dans le respect des morts. » Séance levée au terme d’une discussion houleuse.