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Chasse à la palombe : L’inquiétude des Paloumayres face à une saison catastrophique

Par Corentin Barsacq

Crédit photo: Le Belinétois
Crédit photo: Le Belinétois

Si la chasse à la palombe n’est pas officiellement fermée durant le confinement, les chasseurs ne se font guère d’illusion concernant leur bilan chaotique. 

 

« Il va falloir que l’on se remette en question. » La phrase est à la hauteur de la déception. Inquiétante, catastrophique, incompréhensible, les mots ne manquent pas pour caractériser une saison des palombes inédite. Chasseur à Belin-Béliet, Franck Courbin ne mâche pas ses mots à l’égard d’une saison ratée et écourtée en raison du confinement. Et pour cause : les vols de palombes se raréfient d’année en année au-dessus du Val de l’Eyre : « Les vols ne passent plus vers chez nous. Il se pourrait bien que les palombières viennent à disparaitre. »

 

Michel, chasseur à Belin-Béliet poursuit : « Chaque année, on en voit moins. Le gros pic migratoire est maintenant dans les terres du Lot-et-Garonne. » Et le son de cloche est semblable du côté de l’association communale de chasse agrée : « Cette année est catastrophique que ce soit concernant les vols comme pour le confinement. On a vu cette année le quart de ce qu’on voit habituellement à la même période. Avant on avait les miettes, maintenant on ne les a même plus » se désole Bernard Rablade. Car y compris pour la Saint-Luc, jour où les palombes se font traditionnellement les plus nombreuses, il n’y a pas eu « Le grand truc. » De quoi laisser perplexe les chasseurs de la « Fièvre Bleue » qui accusent le coup. 


« Le confinement de la chasse ? Un gros bordel »


Autre aspect qui vient renforcer le caractère singulier de cette saison, le confinement. Pour la plupart des paloumayres, la chasse s’est arrêtée brusquement jeudi soir dernier, au moment de l’allocution du Président Emmanuel Macron. Alors vendredi, dans les palombières, les chasseurs s’affairaient à ranger les appeaux en vitesse. « On a du tout démonter à la hâte. Mais ils auraient pu nous laisser au moins jusqu’à dimanche pour tout enlever » regrette Michel. Pour Franck, la règlementation frôle le ridicule :« Si on regarde bien, un chasseur de palombe peut chasser une heure par jour et dans un rayon d’un kilomètre. Je ne connais pas beaucoup de chasseurs qui ont leur palombière sur leur propriété. » 

 

Et pourtant, le week-end dernier, les tirs résonnaient toujours dans la forêt du Val de l’Eyre : « Certains n’ont pas joué le jeu » déplore Franck qui souhaitait une fermeture pure et simple de la chasse. « C’est un gros bordel. Certains n’en ont rien à faire et continuent de chasser comme si de rien n’était. » À l’ACCA de Belin-Béliet aussi, on regrette ce manque de discipline : « La chasse à proprement dite n’est pas interdite » insiste Bernard Rablade qui estime lui aussi qu’il y a eu des abus : « Les gardes fédéraux vont faire des tournées en forêt. Ceux qui tirent auront intérêt à être en règle. » Michel lui, a plié bagage et a quitté sa palombière. Vendredi matin, alors qu’il rangeait les appeaux, les palombes lui passaient au-dessus du nez : « Elles savaient qu’on était confiné » rigole le chasseur. 


Le point sur la chasse pendant le confinement


Ce n’est qu’au lendemain du confinement que l’encadrement autour de la chasse s’est dessiné. La chasse de loisirs n’est pas fermée mais suspendue. Ce qui signifie, en d’autres termes, qu’il est permis de chasser dans la limite d’une heure quotidienne et dans un rayon d’un kilomètre autour du domicile. Une permission autorisée dans le cadre d’une justification de promenades ou activités physiques. Enfin, les préfets peuvent autoriser des prélèvements de sangliers et cervidés de manière exceptionnelles dans le cadre de la régulation des espèces.