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Mars 1969 : Un commando armé s’attaque aux Usines Cazenave

Par Corentin Barsacq

« Ouvrez ou nous vous tuerons. » À cette question qui ne laisse guère de choix, le garde de nuit des Usines Cazenave René Gilles est contraint d’ouvrir l’enceinte à des hommes armés jusqu’aux dents. 

 

De grands moyens déployés pour des coffres-forts qui ne livreront finalement pas leurs secrets. Cette folle histoire se déroule en 1969, dans la nuit du mercredi 26 à jeudi 27 mars où cinq hommes armés sont prêts à user de la force pour parvenir à leurs fins. À Belin ce soir-là, René G. entame son habituel garde de nuit. L’homme domicilié à Lugos ne le sait pas encore, mais il s’apprête à connaitre à ses dépens les risques de son métier.

 

Car aux alentours de deux heures du matin, cinq hommes escaladent les grilles de clôture des Établissements de cycles et brisent une vitre de la conciergerie. À hauteur du poste de garde, ils pointent leurs fusils en direction de l’employé et lui font comprendre qu’ils ne sont pas en ces lieux pour discuter : « Ouvrez ou nous vous tuerons » somme l’un des braqueurs. 


Trois employés ligotés et bâillonnés 


Devant cette funeste proposition, le garde de nuit ne peut que s’exécuter. Les portes de l’enceinte sont ouvertes, le commando prend en otage l’homme désarmé afin d’avancer à ses côtés, jusque dans le bureau central des Usines Cazenave. Ici, les malfaiteurs prévoient de défoncer les coffres-forts de l’entreprise et de repartir avec un juteux butin. 

Leur mission se déroule de la meilleure des manières lorsque le premier coffre de taille moyenne s’ouvre. Des porte-clefs et des cadeaux publicitaires sont à l’intérieur. Hélas pour eux, les autres seront bien plus robustes. La deuxième armoire blindée donne du fil à retordre au groupe armé. Les manœuvres sont nombreuses mais l’équipement est bien trop costaud. Les braqueurs acheminent alors le coffre par le biais d’un chariot roulant dans les ateliers de mécanique pour espérer faire sauter le verrou avec le matériel des ouvriers. 


Le braquage aura duré quatre heures


Sur le trajet, les cinq hommes armés mettent en joue Jean-José V. employé dans la chaufferie du site ainsi que Jean B. qui venait tout juste de prendre son service. Trois hommes retenus par les malfaiteurs et qui refuseront de se soustraire à leur autorité au moment où les malfaiteurs leur ordonner de leur prêter main forte. Le trio d’employés sera ligoté et bâillonné sur le champ pendant trois longues heures. Devant eux, les malfaiteurs remuent ciel et terre pour faire sauter les verrous, en vain. 

Édition Sud-Ouest du vendredi 28 mars 1969.
Édition Sud-Ouest du vendredi 28 mars 1969.

Après quatre longues heures de braquage, l’embauche matinale des ouvriers forcera le quinté à se retirer quasiment bredouille. Valeur du préjudice : 1000 francs, l’équivalent de 150 euros et une belle frayeur pour les trois employés retenus. Au petit matin, la gendarmerie de Belin investira les lieux en compagnie du PDG des Établissements et député-maire de Belin Franck Cazenave pour constater les dégâts.