Par Corentin Barsacq
Vieux comme le monde, le jeu du rampeau avait autrefois la cote dans le Val de l'Eyre et plus largement dans le Sud de la France. À Belin-Béliet, l'association du Rampeau Sportif Monsois perpétue la tradition du rampeau.
Devant l’imposante piste en bois de quelques mètres, d’étranges quilles de grande taille en forme de pain de sucre. D'une main de maitre, Joël Vergnaud lance une dernière boule en alu. Trois quilles tombent. Le coup parfait. À l’occasion du parcours en bus sur le thème : « Voyage dans le temps » lors des dernières Journées du Patrimoine en septembre dernier , l’association du Rampeau Sportif Monsois avait tenu à participer à l’évènement par la mise en place du jeu comme au bon vieux temps. Un temps révolu certes, mais dont Joël, le président de l’association, garde d’excellent souvenir : « À l’époque, on jouait au rampeau en bordure de la Nationale 10, à côté du Relais du Val de l’Eyre. On se servait de la grange en guise de mur. »
Au siècle dernier, un jeu en vogue
En ce dernier samedi estival, le belinétois âgé de 60 ans faisait découvrir une merveille méconnue par un grand nombre de locaux. Aux nombreux curieux interloqués par l’équipement conséquent, le président à la moustache reconnaissable entre mille explique : « C’est un jeu de quilles ancien qui était pratiqué dans le canton et ses alentours. Le but est de faire tomber toutes les quilles en un seul coup depuis les postes de tirs que l’on appelle le pit ». Scientifiquement et avec passion, il décrit toutes les règles à respecter. Barbare aux premiers abords, puis simple à comprendre mais surtout difficile à mettre en pratique.
Devant une dizaine de personne présentes, un homme s’exécute. Les premiers coups sont convaincants et peu à peu, le virus du rampeau contamine le rassemblement. Particularité du loisir, une barre de fer placée avant la première quille qui constitue un obstacle de taille pour les débutants. Pour Joël, c’est une simple formalité. Il confie : « J’ai commencé à jouer au sein du Rampeau Sportif Monsois à l’âge de 15 ans ». 45 ans plus tard, le joueur n’a rien perdu de sa précision, et encore moins de sa passion.
Le rampeau, ce jeu qui n’a pas traversé les siècles
À Belin-Béliet, le Rampeau Sportif Monsois n’est plus un club du propre aveu de son président : « Aujourd’hui, nous sommes un comité des fêtes » analyse le belinétois qui, chaque année, organise avec son association la fête de Mons. À cause de règlementations draconiennes pour encadrer une pratique supposée générer des incidents et des troubles à l’ordre public lorsque le rampeau avait encore sa place dans les villages, le jeu a quasiment disparu de la Gascogne.
En 2019, les clubs de rampeau se comptent sur les doigts d’une main : « J’ai découvert il y a peu l’existence d’un club à Mimizan et à Sindères dans les Landes » note Joël Vergnaud. Les seules à sa connaissance. Si le principe du jeu pourrait avoir sa place aujourd’hui aux cotés de la pétanque et du mölkky, la renaissance du rampeau ne réside que dans l’implication des futures générations : « Il faudrait que des gens aiment ce jeu, qu’ils aient envie de le faire découvrir mais aujourd’hui, il a quasiment disparu... » regrette le président du rampeau sportif.