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Il y a 43 ans, la fusion Belin-Béliet

Alain Peronnau a gauche, Louis Daude au milieu.
Alain Peronnau a gauche, Louis Daude au milieu.

Une avancée pour certains, une perte d’identité pour d’autres. Tels étaient les deux points de vues qui s’opposaient lorsque l’idée de la fusion entre Belin et Béliet parcourut les rues des deux villages frontaliers. Le 1er Septembre 1974, les deux villages s’unifiaient pour devenir Belin-Béliet. Retour sur un moment clé de notre histoire locale.

 

La genèse de cette décision intervient durant l’année 1974. Une année marquée tout d’abord par la chute des Usines Cazenave. Trois ans auparavant, le député Franck Cazenave quittait la direction de l’entreprise qui se dirigeait lentement mais surement vers la fermeture. Les premiers licenciements arrivent, des manifestations s’organisent, la population rurale s’exile vers d’autres bassins d’emplois. Belin et Béliet se vident de ses habitants en particulier des jeunes qui ne voient aucun avenir dans notre campagne. Employant jusqu'à 900 ouvriers, l’établissement Cazenave n’est plus que l’ombre de lui-même et Franck Cazenave décède le 9 Août. L’apport économique envers les deux villages diminue, le travail manque et les caisses des deux mairies s’appauvrissent. Des classes d’écoles en viennent même jusqu'à fermer. Belin et Béliet traversent une crise sans précédant. Si les deux villages ne veulent pas mourir financièrement, il faut agir vite. Les deux maires de l’époque, Louis Daude à Belin et Alain Peronnau à Béliet décident alors de marquer au fer rouge l’histoire belinétoise. Dans un contexte économique encourageant la modernisation des zones rurales, le président de la république Valery Giscard-d’Estaing promet une augmentation des dotations de 50 % en faveur des villages fusionnés. Une aubaine.

 

Le 30 Juin 1974, un référendum local est organisé par les deux mairies qui militent en faveur de l’union. Date clé pour juger le travail accompli par les deux communes en termes d’information, de communication autour de cette fusion. Un fan-club est crée en faveur de la fusion alors que certains t-shirt démontrent une certaine hostilité envers le rapprochement avec des inscriptions telles que : « Belin, je l’ai sur le cœur. Béliet, sur l’estomac. » Rien de bien choquant puisque à l’époque, une guerre de clocher sévit entre les deux villages. Gare au chasseur belinois qui vient chasser sur les terres beliétoises. Une certaine animosité puérile oppose également la jeunesse des deux campagnes. Des anciens se rappellent des bagarres entre bambins au niveau de la voix ferrée, véritable frontière entre les deux villages. Si vous pensiez que la guerre des boutons n’était qu’un film, il fallait se rendre le jeudi matin sur ces lieux pour comprendre l’honneur défendu par les deux camps.

Mais qu’importe, il fallait passer au dessus de tout cela. Le résultat du référendum est sans appel : 80 % de la population locale votent en faveur du rapprochement. La fusion entre Belin et Béliet est officialisée par arrêté préfectoral le 1er Septembre 1974 et la modernité vient frapper à la porte des habitations. L’accès à l’eau potable est généralisé dans toutes les maisons du village, les plus pauvres éteignent la bougie pour laisser place à l’électricité et une école mixte est construite. La Mairie de Belin-Béliet se situera entre Belin et Béliet et la voie ferré qui représentait la frontière ne sera plus qu’un souvenir laissé par le temps. Alain Peronnau est élu premier maire de Belin-Béliet et les habitants de la commune deviennent en Février 1976 les belinétois. Bien plus qu’une simple unification, c’est un acte symbolique venu clore deux chapitres pour écrire une seule et même histoire à Belin-Béliet.

 

Sources documentaires: BIB numéro 23 - Témoignages

Photographie de la signature de la fusion entre les deux villages.